Ensoulignant que cet avis – Ă  vertu consultative et facultative – a, malgrĂ© ses incohĂ©rences, Ă©tĂ© suivi par Mme Greoli, elle-mĂȘme ayant assistĂ© et pris la parole aux cĂ©rĂ©monies de 2016 Ă  Bruxelles et 2017 Ă  Namur. La subvention annuelle Ă©tait, jusqu’à 2017, de 5350 euros. La nouvelle demande de l’asbl s’élevait Ă  12
A bientĂŽt 93 ans, et malgrĂ© une vie de discrĂ©tion, Germaine TillionapparaĂźt comme un-des derniers grands tĂ©moins du vingtiĂšme siĂšcle. NĂ©e en 1907, un an avant Claude LĂ©vi-Strauss, elle est avec lui une figure tutĂ©laire de l'ethnologie française, dont les travaux sur les BerbĂšres et la condition des femmes dans le bassin mĂ©diterranĂ©en font autoritĂ©. RĂ©sistante de la premiĂšre heure, dĂ©portĂ©e Ă  RavensbrĂŒck, elle est une des pionniĂšres de l'histoire du systĂšme concentrationnaire auquel elle a consacrĂ© des annĂ©es de recherche. De retour en AlgĂ©rie pendant la guerre d'indĂ©pendance, elle a vĂ©cu en premiĂšre ligne l'effondrement du colonialisme, dĂ©nonçant aussi bien la torture contre les combattants algĂ©riens que les actes terroristes de ces derniers. D'une certaine maniĂšre, Germaine Tillion a toujours Ă©tĂ© doublement tĂ©moin d'abord par son mĂ©tier mĂȘme, qui, a-t-elle Ă©crit, est d'abord un dialogue avec une autre culture» puis une remise en question de soi et de l'autre» et, si possible, une confrontation qui dĂ©passe soi et l'autre». Par sa participation directe ensuite, et combien douloureuse, aux grandes Ă©preuves du siĂšcle, que ce soit en Allemagne nazie ou en AlgĂ©rie française. Ce double mouvement donne sa force et son unitĂ© Ă  l'oeuvre ­ et aux combats ­ de Germaine Tillion, qui publie aujourd'hui Il Ă©tait une fois l'ethnographie, tandis que le dernier numĂ©ro d'Esprit lui rend en 1934, Ă  vingt-sept ans, que Germaine Tillion s'embarque pour l'AlgĂ©rie. Sur les conseils de son directeur de thĂšse, Marcel Mauss, alors le maĂźtre de l'anthropologie française, elle a choisi comme terrain» l'ethnie berbĂšre des ChaouĂŻas, repliĂ©e dans le massif des AurĂšs, dont elle veut Ă©tudier l'organisation sociale. Au dĂ©part accompagnĂ©e d'une jeune collĂšgue du musĂ©e de l'Homme, Germaine Tillion se retrouve vite seule, affrontĂ©e Ă  la solitude et au dĂ©paysement. L'ethnographie, Ă©crit-elle, n'Ă©tait pas encore devenue la carriĂšre encombrĂ©e qu'elle devint plus tard et l'on "entrait en ethnographie comme on entre en religion, avec de grands principes, du recueillement, et le goĂ»t des macĂ©rations.» Il Ă©tait une fois l'ethnographie raconte ainsi la succession des Ă©tapes initiatiques par lesquelles tout jeune ethnologue devait ­ et doit encore ­ passer la visite aux chefs, puis aux familles, l'apprentissage de la langue et des usages sociaux, l'art de la conversation et du questionnement, la collecte des rĂ©cits et des contes, toutes phases qui ne peuvent aboutir que si l'intrus est acceptĂ© dans sa communautĂ© d'adoption. Entre 1934 et 1940, Germaine Tillion effectue ainsi quatre missions dans le Sud 1939, elle y repart alors que l'Europe entre en guerre. Sa mission se termine en mai 1940 elle dĂ©barque en France pour entendre PĂ©tain demander l'armistice. Elle prend immĂ©diatement contact avec des compatriotes rĂ©voltĂ©s comme elle par la capitulation, au musĂ©e de l'Homme, mais aussi Ă  travers une association d'anciens combattants dirigĂ©e par un colonel en retraite, Paul Hauet. DĂšs juillet, ces noyaux fonctionnent, qui vont peu Ă  peu former ce que Germaine Tillion nommera elle-mĂȘme aprĂšs la guerre le rĂ©seau musĂ©e de l'Homme, une structure originale, explique l'historien Julien Blanc dans Esprit, oĂč plusieurs pĂŽles cohabitent, formant une galaxie complĂšte oĂč cloisonnement et indĂ©pendance sont la rĂšgle. ActivitĂ©s principales Ă©vasions de prisonniers, propagande antiallemande et renseignement. En fĂ©vrier 1941, ont lieu les premiĂšres arrestations Boris VildĂ©, Anatole Lewitzky et cinq autres rĂ©sistants seront fusillĂ©s en fĂ©vrier 1942. Entre-temps, Paul Hauet et le colonel de la RochĂšre ont aussi Ă©tĂ© neutralisĂ©s. Germaine Tillion se retrouve seule Ă  la tĂȘte du rĂ©seau jusqu'Ă  sa propre arrestation le 13 aoĂ»t 1942, sur dĂ©nonciation d'un traĂźtre. InternĂ©e Ă  la santĂ©, puis Ă  Fresnes oĂč sa mĂšre sera Ă  son tour enfermĂ©e, interrogĂ©e par les militaires allemands, mise au secret, elle est dĂ©portĂ©e le 21 octobre 1943 pour RavensbrĂŒck, oĂč elle arrive dix jours plus tard. Elle y ressent aussitĂŽt ce qu'elle dĂ©crira comme l'haleine du camp» Tous ceux, hommes ou femmes, qui eurent le malheur de connaĂźtre un camp de concentration exprimĂšrent plus tard la perception immĂ©diate et brutale qui prĂ©cĂ©da pour eux la connaissance dĂ©taillĂ©e de ce qui les attendait quelque chose que l'on recevait en pleine gueule, aussi complĂštement Ă©vident que la "devinance de la mort qui fait hurler les bĂȘtes que l'on va tuer» 1.EpuisĂ©e, malade, dĂ©cidĂ©e Ă  ne pas travailler, Germaine Tillion se cache d'un block Ă  l'autre, dĂ©couvrant la rĂ©alitĂ© de cet enfer et arrivant mĂȘme Ă  prendre des notes les diffĂ©rentes castes de dĂ©tenues, une sociĂ©tĂ© organisĂ©e par la terreur, les exĂ©cutions et les disparitions, les expĂ©riences de vivisection sur des Polonaises surnommĂ©es les lapins». Au dĂ©but de l'annĂ©e 1945, l'installation d'une chambre Ă  gaz sommaire accĂ©lĂšre l'extermination et, le 2 mars, Emilie Tillion, qui a rejoint sa fille au camp, fait partie de la sĂ©lection». Selon sa compagne d'infortune Anise Postel-Vinay, qui tĂ©moigne dans Esprit, la douleur de Germaine fut atroce, silencieuse». Le 23 avril 1945, peu avant la chute du camp, Germaine Tillion est Ă©vacuĂ©e avec trois cents autres dĂ©tenues par la fois rĂ©tablie, dĂ©laissant ses travaux d'ethnologue, elle entreprend une enquĂȘte approfondie sur l'histoire de ces trois cents femmes, publiant ses recherches sur RavensbrĂŒck en trois fois, en 1946, 1972 et 1988. AppelĂ©e Ă  tĂ©moigner Ă  de nombreux procĂšs en Allemagne, fouillant les archives partout oĂč cela Ă©tait possible, interrogeant les tĂ©moins, la rescapĂ©e s'attache Ă  comprendre ce monde sans commune mesure avec rien» mais oĂč, au contraire d'un Primo Levi pour qui nul, dans cet abĂźme, n'Ă©chappait Ă  la gangrĂšne», elle a toujours voulu considĂ©rer que les monstres sont des hommes», bien souvent mĂȘme des gens ordinaires». Travail de mĂ©moire difficile, tant, Ă©crit-elle dans RavensbrĂŒck, dans cet univers d'incertitude et de tĂ©nĂšbres, aussi irrĂ©ellement atroce qu'un cauchemar, les points de repĂšre, dans l'espace et le temps, manquaient c'est au pĂ©ril de leur vie que certains ont notĂ© une date, conservĂ© une montre, consultĂ© une carte, mais ces rares prĂ©cisions ne pouvaient qu'ĂȘtre isolĂ©es au milieu de la terra incognita qui s'est abĂźmĂ©e dans la nuit. Quand le dernier camp de concentration allemand a ouvert ses portes, cet "autre monde a cessĂ© de dĂ©couper sa masse dans l'espace rĂ©el pour se profiler parmi les fantĂŽmes de la "dimension historique, mais il les rejoignait sans bagages, nu comme ses morts».En novembre 1954, Germaine Tillion reçoit un appel de Louis Massignon. Le savant, son autre directeur de thĂšse, lui demande de l'accompagner Ă  un rendez-vous avec François Mitterrand, alors ministre de l'IntĂ©rieur dans le gouvernement MendĂšs France. Il veut que son ancienne Ă©lĂšve soit envoyĂ©e en AlgĂ©rie pour une mission d'Ă©tude. François Mitterrand accepte et Germaine Tillion refait sa valise. Je considĂ©rais les obligations de ma profession d'ethnologue, Ă©crit-elle, comme comparables Ă  celles des avocats, avec la diffĂ©rence qu'elle me contraignait Ă  dĂ©fendre une population au lieu d'une personne.» M'enquĂ©rir du sort des populations les plus dĂ©munies d'AlgĂ©rie en vue de les protĂ©ger, ajoute-t-elle, cela me convenait puisque je les connaissais bien et de longue date.» C'est Ă  Batna qu'elle entend parler pour la premiĂšre fois du massacre de SĂ©tif, dĂ©clenchĂ© neuf ans plus tĂŽt, ironie de l'histoire, le jour mĂȘme de la capitulation nazie, le 8 mai 1945. Germaine Tillion va sillonner l'AlgĂ©rie pendant plusieurs semaines et rĂ©diger un rapport, notamment sur la clochardisation» de rĂ©gions entiĂšres, sans Ă©coles, sans emplois et Ă  la dĂ©mographie galopante. A la lecture de ce rapport, Jacques Soustelle, nouveau gouverneur de l'AlgĂ©rie nommĂ© par MendĂšs France, lui demande de rejoindre son cabinet. Elle accepte d'autant plus que Jacques Soustelle est ethnologue spĂ©cialiste du Mexique et ancien rĂ©sistant. Pendant l'annĂ©e 1955, et tandis que Camus et Ferhat Abbas plaident encore ensemble la trĂȘve civile», elle va crĂ©er et structurer les Centres sociaux», organismes pour la scolarisation des familles rurales maghrĂ©bines, et elle rallie Ă  cette cause nombre d'intellectuels algĂ©riens comme Mouloud Feraoun qui sera assassinĂ© par l'OAS en 1962 ou français, de Camus, RoblĂšs et SĂ©nac Ă  Guilloux, Cayrol et Leiris. Mais la guerre s'Ă©tend comme un feu de paille et l'expĂ©rience Soustelle s'arrĂȘte en mĂȘme temps que le gouvernement MendĂšs Ă  Paris, et tandis que son appartement de Saint-MandĂ© ­ oĂč elle vit toujours, Ă  l'orĂ©e du bois de Vincennes ­ devient le rendez-vous de tous les militants de la paix en AlgĂ©rie, Germaine Tillion multiplie les appels contre la torture et repart en AlgĂ©rie en 1957 dans le cadre d'une trĂšs officielle Commission d'enquĂȘte internationale sur les prisons françaises. Elle publie l'AlgĂ©rie en 1957 aux trĂšs engagĂ©es Ă©ditions de Minuit 2, dans lequel pourtant, pas encore convaincue de l'inĂ©luctabilitĂ© de l'indĂ©pendance, elle veut encore lier le destin de la France et de l'AlgĂ©rie. Camus prĂ©facera ainsi l'annĂ©e suivante l'Ă©dition amĂ©ricaine Je n'ai jamais pu lire un livre concernant la tragĂ©die algĂ©rienne sans Ă©prouver un sentiment d'irrĂ©alitĂ©, d'inconfort et souvent mĂȘme de colĂšre. Un livre seul ­ celui de Germaine Tillion ­ m'a semblĂ© dĂšs le premier abord vrai, juste et constructif. Germaine Tillion sait de quoi elle parle. Et personne Ă  l'avenir, pas plus en AlgĂ©rie qu'Ă  travers le monde, ne saurait parler du problĂšme algĂ©rien sans avoir lu ce que cette femme cultivĂ©e et comprĂ©hensive a Ă©crit sur ma misĂ©rable terre natale, si mal comprise, qu'un espoir dĂ©chirant meut aujourd'hui.» Pierre Vidal-Naquet, de son cĂŽtĂ©, rappelle dans Esprit quel immense respect» inspirait alors Germaine Tillion Ce n'Ă©tait pas seulement le respect que ma gĂ©nĂ©ration devait Ă  ceux et celles qui avaient participĂ© Ă  la rĂ©sistance et subi la dĂ©portation, c'Ă©tait dĂ» Ă  une sorte de nettetĂ© dans le regard et le comportement, Ă  un courage qui expliquait que, prĂ©cisĂ©ment, elle n'avait jamais subi quoi que ce soit, toujours affrontĂ© l'ennemi comme l'ami avec un mĂ©lange unique de courage et d'humour.» Ce qui frappe le plus en Germaine Tillion, conclut Pierre Vidal-Naquet, c'est la passion de la justice» Dans cette terre ravagĂ©e, Germaine Tillion Ă©tait comme un marabout, un marabout Ă  la fois rusĂ© et noble.»De fait, Germaine Tillion a toujours Ă©tĂ© une intellectuelle indĂ©pendante malgrĂ© la vigueur de ses engagements, elle n'a jamais Ă©tĂ© communiste pas plus qu'elle n'a Ă©tĂ© porteur de valise» pour le FLN. Au contraire, elle a Ă©tĂ© une des premiĂšres, avec David Rousset, Ă  dĂ©noncer aprĂšs-guerre le goulag soviĂ©tique que Margarete Buber-Neumann, ex-communiste dĂ©portĂ©e en SibĂ©rie et rendue par Staline Ă  Hitler avec d'autres juifs allemands, lui avait longuement dĂ©crit Ă  RavensbrĂŒck. De mĂȘme, elle a gardĂ© une fibre gaulliste, acceptant mĂȘme un poste en 1959 dans le cabinet d'AndrĂ© Boulloche, ministre de l'Education nationale du GĂ©nĂ©ral, oĂč elle obtiendra notamment que les dĂ©tenus puissent passer des diplĂŽmes en prison. Un autre combat important de Germaine Tillion, devenue professeur Ă  l'Ecole des hautes Ă©tudes, concerne la condition fĂ©minine. Ses travaux d'ethnologue au Maghreb l'amĂšnent Ă  s'interroger sur l'oppression de la femme dans le bassin mĂ©diterranĂ©en en 1966, son livre le Harem et les cousins fait date 3. Selon elle, ce n'est pas seulement l'islam qui est cause de cette aliĂ©nation, mais l'ensemble des cultures mĂ©diterranĂ©ennes, et de citer aussi bien la Bible que la tragĂ©die grecque. La rĂ©volution agricole du nĂ©olithique a poussĂ© Ă  l'endogamie, le champ et le troupeau assurant l'avenir et n'obligeant plus Ă  l'alliance exogamique place donc Ă  la prohibition de l'Ă©change, le retour Ă  l'inceste, la polygamie, la guerre, le "racisme ", l'esclavage, et une vĂ©ritable obsession de la virginitĂ© fĂ©minine que l'on retrouve dans la plupart des sociĂ©tĂ©s de l'Ancien Monde et seulement-là». Reprenant ces thĂšses Ă  la fin d'Il Ă©tait une fois l'ethnographie, Germaine Tillion estime que ce modĂšle de sociĂ©tĂ© ­ qui selon elle, est toujours le nĂŽtre ­ est en train de prendre un sacrĂ© coup de vieux», car de nouveau la relation de l'homme avec son espace est en train de basculer, et la sacro-sainte croissance nĂ©olithique rencontre partout ses limites. Inventer autre chose, tel va ĂȘtre l'impĂ©ratif du millĂ©naire qui vient». Infatigable vieille dame.1 In RavensbrĂŒck, disponible en poche Points-Histoire n° 236.2 Ce texte a Ă©tĂ© rééditĂ© en mai 1999 sous le titre L'Afrique bascule vers l'avenir, par les Ă©ditions TirĂ©sias/Michel Reynaud 125 pp., 80 F, augmentĂ© d'une longue prĂ©face inĂ©dite de Germaine Tillion, dont sont issues plusieurs informations de cet article. Le mĂȘme Ă©diteur annonce pour cette annĂ©e un autre ouvrage de Germaine Tillion, Deux terrorismes face Ă  face.3 En poche Points-Essais n° 141.
Grùceaux conseils et au savoir-faire du docteur Berdugo-Trumer, vous pouvez bénéficier de cette technique trÚs appréciée pour améliorer l'esthétique de votre sourire, et corriger les défauts visibles. A l'occasion de votre passage à notre cabinet, vous pourrez discuter de la possibilité de poser des facettes céramiques. Malgré un
MalgrĂ© l'humour et la vertu Il faut ici montrer son cul MalgrĂ© la haine et la fiertĂ© Il faut ici se dĂ©froquer MalgrĂ© l'amour et la tendresse Il faut ici montrer ses fesses. Poussez ! poussez ! les constipĂ©s Le temps ici n'est pas comptĂ© Venez ! venez ! foules empressĂ©es Soulager lĂ  votre diarrhĂ©e Car en ces lieux souvent chĂ©ris MĂȘme le papier y est fourni. Soit qu'on y pĂšte, soit qu'on y rote Tout est permis au sein des chiottes Mais ? graine de vĂ©role ou de morpion N'oubliez pas d'vous laver l'fion De ces WC tant usitĂ©s PrĂ©servez donc l'intĂ©gritĂ©. Rendons gloire Ă  nos vespasiennes De faĂŻence ou de porcelaine ! Que l'on soit riche ou bien fauchĂ© Jamais de classe dans les WC Pines de smicards ou de richards Venez tous voir mon urinoir ! Qu'ils s'appellent chiottes, goguenots, waters Tout l'monde y pose son derriĂšre On les dit turcs ou bien tinettes Tout est une question de cuvette Quand celles-ci se trouvent bouchĂ©es Nous voilĂ  tous bien emmerdĂ©s. Entrez, entrez aux cabinets Nous raconter vos p'tits secrets Savoir pĂ©ter c'est tout un art Pour ne pas chier dans son falzar. Si cet Ă©crit vous semble idiot Torchez-vous-en vite au plus tĂŽt Si au contraire il peut vous plaire Affichez-le dans vos waters !!!
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En2015, la station de tĂ©lĂ©vision WDBJ Ă  Roanoke, en Virginie, a subi une attaque. Alison Parker, une journaliste de la chaĂźne, a alors Ă©tĂ© abattue Ă  la tĂ©lĂ©vision en direct et le A U X C A B I N E T S MalgrĂ© l'humour et la vertuIl faut ici montrer son culMalgrĂ© la haine et la fiertĂ©Il faut ici se dĂ©froquerMalgrĂ© l'amour et la tendresseIl faut ici montrer ses fesses. Poussez ! poussez ! les constipĂ©sLe temps ici n'est pas comptĂ©Venez ! venez ! foules empressĂ©esSoulager lĂ  votre diarrhĂ©eCar en ces lieux souvent chĂ©risMĂȘme le papier y est fourni. Soit qu'on y pĂšte, soit qu'on y roteTout est permis au sein des chiottesMais ? graine de vĂ©role ou de morpionN'oubliez pas d'vous laver l'fionDe ces WC tant usitĂ©sPrĂ©servez donc l'intĂ©gritĂ©. Rendons gloire Ă  nos vespasiennesDe faĂŻence ou de porcelaine !Que l'on soit riche ou bien fauchĂ©Jamais de classe dans les WCPines de smicards ou de richardsVenez tous voir mon urinoir ! Qu'ils s'appellent chiottes, goguenots, watersTout l'monde y pose son derriĂšreOn les dit turcs ou bien tinettesTout est une question de cuvetteQuand celles-ci se trouvent bouchĂ©esNous voilĂ  tous bien emmerdĂ©s. Entrez, entrez aux cabinetsNous raconter vos p'tits secretsSavoir pĂ©ter c'est tout un artPour ne pas chier dans son falzar. Si cet Ă©crit vous semble idiotTorchez-vous-en vite au plus tĂŽtSi au contraire il peut vous plaire Affichez-le dans vos waters !!!_________________ Jetonpublicitaire de maison close.peut-ĂȘtre vers raretĂ© 94, indice de 0 Ă  100, proche de 100 rare. Aux belles poules, 32 rue Blondel Ă  Paris. Un gros numĂ©ro spĂ©cifique des maisons closes. Quand on entre dans le domaine de la confidence, surtout quand votre papier va ĂȘtre lu par cent et mille pĂ©kins, peut-ĂȘtre mĂȘme traduit en
AuteurMessagecasamaĂźtre cuisinierNombre de messages 1294Age 70Date d'inscription 25/07/2007Sujet poeme de cabinet Jeu 2 AoĂ» 2007 - 1132 A U X C A B I N E T SMalgrĂ© l'humour et la vertuIl faut ici montrer son culMalgrĂ© la haine et la fiertĂ©Il faut ici se dĂ©froquerMalgrĂ© l'amour et la tendresseIl faut ici montrer ses ! poussez ! les constipĂ©sLe temps ici n'est pas comptĂ©Venez ! venez ! foules empressĂ©esSoulager lĂ  votre diarrhĂ©eCar en ces lieux souvent chĂ©risMĂȘme le papier y est qu'on y pĂšte, soit qu'on y roteTout est permis au sein des chiottesMais ? graine de vĂ©role ou de morpionN'oubliez pas d'vous laver l'fionDe ces WC tant usitĂ©sPrĂ©servez donc l' gloire Ă  nos vespasiennesDe faĂŻence ou de porcelaine !Que l'on soit riche ou bien fauchĂ©Jamais de classe dans les WCPines de smicards ou de richardsVenez tous voir mon urinoir !Qu'ils s'appellent chiottes, goguenots, watersTout l'monde y pose son derriĂšreOn les dit turcs ou bien tinettesTout est une question de cuvetteQuand celles-ci se trouvent bouchĂ©esNous voilĂ  tous bien entrez aux cabinetsNous raconter vos p'tits secretsSavoir pĂ©ter c'est tout un artPour ne pas chier dans son cet Ă©crit vous semble idiotTorchez-vous-en vite au plus tĂŽtSi au contraire il peut vous plaireAffichez-le dans vos waters !!! gewurtzAdminNombre de messages 19585Age 57Date d'inscription 08/07/2007Sujet Re poeme de cabinet Jeu 2 AoĂ» 2007 - 1527 maclapoppetit cuisinierNombre de messages 418Age 60Date d'inscription 31/07/2007Sujet Re poeme de cabinet Jeu 2 AoĂ» 2007 - 1641 Eh bien je crois que Casa va ĂȘtre affichĂ© dans mes latrines vespasiennes culturello Ă©rgonomiques oĂč face au trĂŽne est dĂ©jĂ  dressĂ© ce poĂšme de Musset l'Alfred, allez qu'Ă  vous il soit aussi ... une petite idĂ©e aussi que je vous suggĂšre, mes amis viennent d'ailleurs me visiter rien que pour trouver l'occasion de soulager leur retenue naturelle dans le dĂ©fouloir de faĂŻence. Sur une tablette placez donc un dictionnaire de synonymes voilĂ  comment s'instruire plaisemment en faisant ...Le petit endroitVous qui venez ici dans une humble posture De vos flancs alourdis dĂ©charger le fardeau Veuillez quand vous aurez SoulagĂ© la nature Et dĂ©posĂ© dans l'urne un modeste cadeau Epancher dans l'amphore un courant d'onde pure Et sur l'autel fumant placer pour chapiteau Le couvercle arrondi dont l'auguste jointure Aux parfums indiscrets doit servir de tombeau Alfred de Musset Ă  George Sand gewurtzAdminNombre de messages 19585Age 57Date d'inscription 08/07/2007Sujet Re poeme de cabinet Jeu 2 AoĂ» 2007 - 1644 ben dit donc faudra que je redĂ©core mes toilette moi n6 casamaĂźtre cuisinierNombre de messages 1294Age 70Date d'inscription 25/07/2007Sujet Re poeme de cabinet Jeu 2 AoĂ» 2007 - 1915 ACCROCHEZ VOUS....voila les toilettes de Casanova on vous avais prevenus que c'Ă©tait un phĂ©nomĂšne... rare! InvitĂ©InvitĂ©Sujet Re poeme de cabinet Jeu 2 AoĂ» 2007 - 1919 casamaĂźtre cuisinierNombre de messages 1294Age 70Date d'inscription 25/07/2007Sujet Re poeme de cabinet Jeu 2 AoĂ» 2007 - 1928 dans le meme style mais plus hard... InvitĂ©InvitĂ©Sujet Re poeme de cabinet Jeu 2 AoĂ» 2007 - 1932 Contenu sponsorisĂ© poeme de cabinet
FrenchTouch ou la vertu d'impertinence en management de Jean-Luc Placet - Éditeur Village Mondial - Livraison gratuite Ă  0,01€ dĂšs 35€ d'achat - Librairie Decitre votre prochain livre est lĂ  1Le prix littĂ©raire est sans doute l'une des plus Ă©videntes illustrations de la prescription littĂ©raire française, si l'on entend par cette derniĂšre la recommandation par des jurys d'experts d'un livre ou d'une oeuvre pour sa qualitĂ© littĂ©raire, aussi bien que la reconnaissance institutionnelle d'une singularitĂ© auctoriale de l'auteur prometteur au grand Ă©crivain via des rĂ©compenses assimilables Ă  des Ă©talons d'excellence » [1].2Il est Ă  la fois un avatar de pratiques cĂ©naculaires et mondaines anciennes inscrites dans l'espace des luttes pour imposer la dĂ©finition lĂ©gitime de la littĂ©rature en France et un monstre publicitaire intĂ©ressant [...] d'Ă©normes circuits commerciaux » [2]. À ce titre, le dispositif des prix littĂ©raires illustre un espace incontournable de reconnaissance littĂ©raire de l'Ă©crivain par ses pairs ou par des jurys de professionnels ou d'amateurs, de visibilitĂ© mĂ©diatique accrue – quoiqu'Ă©phĂ©mĂšre – ayant partie prenante avec le dispositif de crĂ©ation de toutes piĂšces d'un best-seller et de prescription littĂ©raire travaillĂ©e par des facteurs exogĂšnes Ă  la consĂ©cration auctoriale lecture en dĂ©clin, livre concurrencĂ© par d'autres biens culturels, professions du livre menacĂ©es par le numĂ©rique et la plĂ©thore de marchandises. Cette prescription tient donc d'une Ă©conomie du prestige » [3] ou d'une industrie de la rĂ©compense qui doit s'adapter aux contraintes du marchĂ© et aux mutations de la chaĂźne du livre, quitte Ă  oublier de plus en plus que les prix trouvent leur origine dans des rites et usages littĂ©raires multisĂ©culaires uniquement dĂ©diĂ©s au sacre de l'Ă©crivain » [4] et Ă  sa acadĂ©miques et grands prix d'automne, prix populaires Ă  jury tournant, prix créés par des mĂ©dias ou dĂ©cernĂ©s par des professionnels du livre impliquĂ©s dans sa mĂ©diation libraires, bibliothĂ©caires, scolaires, prix numĂ©riques, en dĂ©multipliant les bandeaux rouges et en dissĂ©minant les formes de la prescription, invitent ainsi Ă  rĂ©flĂ©chir aux incidences de l'hyperchoix et de la rĂ©volution numĂ©rique sur le jugement critique et la valeur d'expertise, mais aussi sur la condition d'un des acteurs sans lequel la chaĂźne du livre n'aurait pas lieu d'ĂȘtre l'auteur. Or comment l'auteur consacrĂ© nĂ©gocie-t-il son autoritĂ© dans un espace prescriptif qui lui Ă©chappe de plus en plus ?Prescription et mĂ©diation du sacre au label4Au bout de plus d'un siĂšcle de grands prix d'automne Goncourt, Femina, Renaudot, MĂ©dicis, InteralliĂ©, grand prix du roman de l'AcadĂ©mie française, on passe du sacre au label [5], de la gloire acadĂ©mique et du panthĂ©on des meilleurs Ă©crivains du siĂšcle aux palmarĂšs et listes des meilleures ventes. À l'origine conçus comme des machines de guerre de l'Ă©crivain contre l'ostracisme acadĂ©mique Ă  l'Ă©gard du roman et l'industrialisation des lettres qu'on redoute de voir dĂ©naturer la littĂ©rature en la contaminant par le roman-feuilleton et la presse Goncourt, puis contre des acadĂ©mies jugĂ©es ineptes Ă  couronner des femmes de lettres Femina, les prix incarnent les reconfigurations d'une autoritĂ© prescriptive tour Ă  tour convoitĂ©e par la presse Renaudot, InteralliĂ©, reconvertie en contre-acadĂ©mie appelĂ©e Ă  saluer la valeur et la modernitĂ© littĂ©raires MĂ©dicis. Et depuis quelques dĂ©cennies, sous le joug des mutations d'un monde du livre prĂ©cipitant la dĂ©sacralisation de l'auteur et le rĂ©trĂ©cissement de son rĂŽle social, cette autoritĂ© se voit rĂ©duite Ă  lĂ©gifĂ©rer sur la circulation et la commercialisation du livre, et Ă  faire passer les intĂ©rĂȘts des mĂ©tiers de l'Ă©dition et de la librairie avant ceux de l'auteur. On peut Ă  ce titre s'interroger sur le culte portĂ© Ă  l'action emblĂ©matique d'un JĂ©rĂŽme Lindon en faveur des premiers bataille pour le prix unique du livre et contre la Fnac, dĂ©fense de la librairie indĂ©pendante via la crĂ©ation de l'Adelf, lutte contre le livre de poche, contre le prĂȘt gratuit en bibliothĂšque... [6] et l'oubli symptomatique d'un HervĂ© Bazin en faveur du second rĂ©forme de l'acadĂ©mie Goncourt, crĂ©ation des sĂ©lections, des bourses, dĂ©fense de la francophonie, dĂ©fense de la SGDL, du Centre national des Lettres contre celui du Livre, inscription dans tous les rĂ©seaux de sociabilitĂ© littĂ©raire... [7]. En devenant une industrie culturelle, le livre a retirĂ© Ă  l'Ă©crivain ses prĂ©rogatives sur la littĂ©rature qu'il Ă©crit, contrĂŽle son Ă©dition, sa diffusion et sa commercialisation. L'effet pour le moins paradoxal des prix est donc d'avoir constituĂ© des magistĂšres de gens de lettres ou de professionnels du livre qui, au lieu de dĂ©fendre son autoritĂ© symbolique, l'ont muselĂ©e, en se faisant les instruments publicitaires zĂ©lĂ©s d'une culture et d'un marchĂ© de masse qui font passer depuis longtemps la consĂ©cration auctoriale au second formes en mutation de la prescription littĂ©raire invitent donc Ă  rĂ©flĂ©chir Ă  la mĂ©diation auctoriale Ă  l'Ăšre des industries culturelles et Ă  ce qui la rend problĂ©matique. L'Ă©crivain doit notamment composer avec ces industries du livre et de la culture dont les impĂ©ratifs de production et de circulation des biens culturels ont tendance Ă  faire de lui l'instrument des lois de la promotion et de la mĂ©diatisation d'une image usinĂ©e par la fabrique du roman, peu compatible avec le mythe de la crĂ©ation et de l'artiste. Dans la mesure oĂč, Ă  l'heure de telles industries culturelles, on fait des livres quoi qu'on Ă©crive, la question pour l'auteur revient donc Ă  se demander comment habiter cet espace de production et comment s'y voir distinguĂ©, au double sens de reconnu, consacrĂ© », et surtout ? de visible, repĂ©rable » dans la jungle des nouveautĂ©s. Dans un marchĂ© soumis au temps court des rotations de titres et Ă  l'engorgement, oĂč fleurissent des bataillons de bandeaux rouges formant palmarĂšs et listes des meilleures ventes, la question de la prescription, avec en amont la sĂ©lection et le tri qu'elle suppose et en aval le temps long des fonds de bibliothĂšques Ă  dĂ©faut de l'improbable Ă©ternitĂ© des panthĂ©ons littĂ©raires, est en effet devenue cruciale autant que et mĂ©diatisation des scĂ©nographies en pleine mutation6Le spectacle mĂ©diatique qui accompagne le succĂšs du dispositif des prix littĂ©raires joue un rĂŽle dĂ©terminant mais non moins ambigu dans la rĂ©ception par le grand public de cette prescription annuellement assĂ©nĂ©e dans le secret des jurys Ă  coups de lauriers, avec l'autoritĂ© incontournable d'une ordonnance les formes iconiques et iconographiques du rituel des prix littĂ©raires [8] donnent Ă  lire un protocole du prix qui surmĂ©diatise l'acte de prescription, exhibe des piles de livres au bandeau rouge, des forĂȘts de micros et de focales ; la presse dĂ©crit la liesse de ses acteurs rĂ©unis dans des salons feutrĂ©s parisiens et des banquets bien arrosĂ©s, ces pairs exultants dont la joie bruyante traduit le bon choix de l'expert et son autoritĂ© lĂ©gitime. Ces photos de confraternitĂ© littĂ©raire dĂ©multipliĂ©es ad nauseam reproduisent un rituel et des poses identiques, dans le fantasme d'une Ă©ternelle perpĂ©tuation du mĂȘme et d'une mĂȘme appartenance Ă  la mĂšre LittĂ©rature. SĂ©rielle, anonyme, mais non moins mythique et pĂ©trie d'imaginaire collectif, simple icĂŽne interchangeable Ă  admirer, mais non moins sublimĂ©e comme n'importe quelle star du paysage mĂ©diatique, la photo de presse fait malgrĂ© tout de la fabrique de l'auteur une machine Ă  rĂȘver. La tĂ©lĂ©vision, elle, plus pressĂ©e, moins complexĂ©e Ă  l'Ă©gard du littĂ©raire, se focalise sur l'Ă©vĂ©nement littĂ©raire sĂ©riel par lequel un laurĂ©at remplace l'autre dans une succession sans mĂ©moire [9] ; exhiber le livre au bandeau rouge ou le dĂ©dicacer trahit plus ouvertement le lien Ă©troit entre prix littĂ©raires et promotion Ă©ditoriale, ainsi que l'inflĂ©chissement Ă©conomique de l'Ă©dition dont dĂ©coule l'obligation pour l'auteur de participer lui-mĂȘme Ă  la promotion de ses Ă©tude rĂ©cente menĂ©e sur les discours et scĂ©nographies mĂ©diatiques entre 1945 et 2011 portant sur les grands prix d'automne [10] montre quant Ă  elle le dĂ©voiement marchand progressif des prix et l'effondrement conjoint de l'autoritĂ© de la critique presse [11], Ă  mesure que s'aggravent les difficultĂ©s structurelles de la presse Ă©crite. La culture de la cĂ©lĂ©britĂ© et de la visibilitĂ© entretenue par les prix littĂ©raires jugement Ă©litaire, prescription verticale des Ă©lites lettrĂ©es n'empĂȘche pas la dĂ©sacralisation de l'Ă©crivain, voire sa peoplisation ». On bascule d'un rĂ©gime esthĂ©tique et savant 1945-1970 Ă  un rĂ©gime soit socio-Ă©conomique, soit pathĂ©mique d'apprĂ©ciation de l'auctorialitĂ© comme de la valeur littĂ©raire et de son actualitĂ©. À mesure que l'espace rĂ©servĂ© aux livres et Ă  la littĂ©rature se rĂ©duit, la chronique et le reportage, qui ont remplacĂ© les feuilletons littĂ©raires et l'analyse critique des ouvrages, survalorisent l'Ă©vĂ©nementiel, surtout s'il est polĂ©mique ou scandaleux, empruntent aux domaines de l'oenologie, du tiercĂ©, de la boxe, des jeux du hasard ou du cirque de quoi rĂ©duire la littĂ©rature Ă  une compĂ©tition d'Ă©curies d'auteurs et d'Ă©diteurs trivialisant l'Ă©crivain laurĂ©. Soucieuse de capter pour survivre un lectorat de plus en plus rĂ©tif Ă  ce qui n'est pas loisirs et divertissement, la presse se place sur le terrain de l'adhĂ©sion Ă  une littĂ©rature moyenne et aux industries culturelles et de l'intĂ©riorisation de leur logique publicitaire et marchande essor des indicateurs de ventes, des tirages, des mentions lĂ©gales du livre, de la compĂ©tition d'Ă©diteurs, etc.. La prescription se fait information sur une saison des prix inscrite au calendrier marketing tout comme la rentrĂ©e littĂ©raire de septembre ou les pavĂ©s de plage estivaux ; la presse relaie dans ses pages une fonction de conseil dĂ©jĂ  connue du public habituĂ© aux post-it enflammĂ©s des libraires et aux prĂ©sentoirs coups de coeur » des mĂ©diathĂšques. L'Ă©crivain y gagne en professionnalisation, mais y perd l'aura vocationnelle de l'homo sacer. La cĂ©lĂ©britĂ© de l'Ă©crivain laurĂ© tient donc aujourd'hui d'une visibilitĂ© et d'une singularitĂ© Ă©phĂ©mĂšres et sans excellence liĂ©es Ă  une Ă©conomie du mĂ©rite » en rĂ©gime dĂ©mocratique et mĂ©diatique. La sĂ©cularisation contemporaine du littĂ©raire, en conjuguant consommation et consĂ©cration dans le fĂ©tiche du livre-marchandise et en dĂ©fendant une prescription confondant de plus en plus distinction et simple sĂ©lection dans une masse, donne l'impression que l'Ă©crivain cĂ©lĂšbre est dĂ©sormais soluble dans le et paratexte une industrie de la raretĂ© [12] » au coeur de la plĂ©thore9DĂ©cerner un prix et en prescrire la valeur engage aussi le principal intĂ©ressĂ© du dispositif de consĂ©cration littĂ©raire l'Ă©diteur. Son travail Ă©ditorial est un autre indicateur fort des orientations que prend la prescription littĂ©raire. D'une quadrature du cercle qui oppose depuis des lustres art et commerce, couronne et bandeau [13], l'Ă©diteur a fait de longue date le théùtre de toutes ses stratĂ©gies, la question restant de savoir comment il peut non seulement signaler un livre dans la jungle des nouveautĂ©s, mais aussi l'inscrire dans le temps long de la consĂ©cration, du palmarĂšs ou du l'auteur ainsi peoplisĂ© », Ă  la fois fabriquĂ© par la machine marketing et nobelisĂ©, ressemble aujourd'hui Ă  ces icĂŽnes en portraits de saints d'une Marilyn ou d'un Bacon reproductible en sĂ©rie sur les toiles de Warhol, et idolĂątrĂ©es, dans le temple du dieu dollar » [14], le bandeau rouge du prix littĂ©raire est le symbole d'une logique publicitaire et d'un argument de vente central. Tenant Ă  la fois de la lĂ©gion d'honneur et du simple label rouge d'une marchandise Ă©lue produit de l'annĂ©e », proche des mercatiques blurbs ou dust jackets anglo-saxonnes auxquels il ajoute la french touch d'une dĂ©coration honorifique attachĂ©e aux mythologies et rituels de l'excellence ou de la distinction » encore actives dans notre hexagone national, il a vocation Ă  dĂ©signer une qualitĂ© littĂ©raire tout en se singularisant au sein d'une plĂ©thore Ă©ditoriale. Parce qu'en littĂ©rature, l'auteur est le meilleur reprĂ©sentant du livre commercialisĂ© et Ă©clipse une marque Ă©ditoriale qui n'a pas, dans l'industrie du livre, la mĂȘme facultĂ© Ă  asseoir son nom et son capital symbolique que dans les autres secteurs de l'Ă©conomie » [15], le laurĂ©at d'un prix, au mĂȘme titre que l'Ă©crivain cĂ©lĂšbre ou l'auteur de best-sellers, est une vĂ©ritable marque. Faisant partie des instances de production de la renommĂ©e » [16] au mĂȘme titre que les rubriques Livres » des magazines et des journaux, les vitrines des libraires et les linĂ©aires des hypermarchĂ©s, le prix littĂ©raire, lui, fait vendre en outre sur son capital symbolique le Goncourt [17] ou le MĂ©dicis plus encore que sur celui d'un auteur se souvient-on seulement du nom du laurĂ©at comme de l'Ă©diteur du dernier MĂ©dicis ?. Étendard banal des industries de masse trop de bandeaux tue le bandeau ?, le bandeau est rouge mais aussi vert Julliard, blanc Stock, bleu noir Verdier, rose pour les lectrices de Elle, orange, Ă  la couleur de la Fnac partenaire, pour le Goncourt des lycĂ©ens, selon la charte graphique de l'Ă©diteur et le souci de trouver avant tout dans cet Ă©lĂ©ment paratextuel le moyen d'une distinction » visuelle au sein d'une plĂ©thore de livres, tout en jouant d'un imaginaire de l'excellence littĂ©raire fortement ancrĂ© dans les et jetable, cet ornement paratextuel ne permet pas toutefois d'inscrire le livre ou l'auteur dans le temps long du fonds ou du catalogue. D'autres espaces du livre et d'autres formats Ă©ditoriaux rĂ©pondent Ă  cette ambition temporelle qui consiste Ă  faire durer un livre nĂ© de l'actualitĂ© immĂ©diate et de la jungle des titres, et Ă  en prolonger le succĂšs. Dans ce que l'on serait tentĂ© d'appeler une industrie de la raretĂ© » [18] consistant Ă  dĂ©signer l'effort Ă©ditorial pour crĂ©er de la singularitĂ© Ă  partir d'une plĂ©thore, le prix littĂ©raire trouve dans le livre de poche un prolongement naturel, chambre d'Ă©cho mentionnant Ă  moult reprises sur son paratexte l'attribution du prix et l'annĂ©e d'Ă©lection. Michel Tournier saura en faire son fond de commerce tout en rendant son oeuvre facilement accessible et largement diffusĂ©e, le poche » reprĂ©sente le facteur de classicisation qui fut pour lui le plus dĂ©terminant ; les rĂ©pĂ©titions sĂ©rielles de Vendredi dans sa double version pour adultes ou pour enfants et grand prix du roman de l'AcadĂ©mie française dans la premiĂšre, avant son Goncourt pour Le Roi des Aulnes, magistralement relayĂ©es par l'Ă©cole, feront de lui un classique au sens oĂč, littĂ©ralement, il est massivement lu dans les classes ».12Pour faire durer de l'Ă©phĂ©mĂšre et panthĂ©oniser du standard, la collection est une autre solution ce dispositif conçu, Ă  l'instar du label, pour prendre la mesure d'une multitude de marchandises les livres en indiquant oĂč est la qualitĂ©, n'a pas pour seul avantage de redoubler la marque Ă©ditoriale [19]. Elle lutte aussi contre la dispersion et l'oubli, libĂšre mĂȘme, selon Walter Benjamin, le livre du flux de la marchandise », crĂ©ant de l' aura » autour des livres qu'elle rĂ©unit, dĂ©jĂ  enjolivĂ©s par les discours d'escorte [20]. La collection L'Imaginaire », rééditant quelques livres primĂ©s et redonnant Ă  leurs auteurs un prestigieux coup de projecteur Le Promontoire d'Henri Thomas, Le Faussaire de Jean Blanzat, etc., ainsi que des collections spĂ©cifiquement créées pour les prix littĂ©raires comme la Collection des Prix Goncourt » lancĂ©e dans les annĂ©es 1950 par les Ă©ditions de l'Imprimerie Nationale de Monaco, ou encore les Ă©ditions de luxe genevoises Famot, remplissent clairement cette et fabrique du roman13À l'Ăšre des icĂŽnes sur papier glacĂ© dont l'Ă©crivain est l'un des corps glorieux, la fonction-auteur » s'est certes considĂ©rablement rĂ©trĂ©cie, gagnĂ©e par les impĂ©ratifs publicitaires de la fabrique du roman, mais la dĂ©mocratisation culturelle et les industries de masse restent malgrĂ© tout une bonne nouvelle. Les prix de ce que j'appelle les mauvais genres » BD, polars et littĂ©ratures de l'imaginaire introduisent notamment quelques variations intĂ©ressantes en matiĂšre de prescription littĂ©raire. Cette derniĂšre s'y fait revendication identitaire en ce que ces prix s'inscrivent comme tous les autres dans l'histoire des luttes pour le monopole de la dĂ©finition lĂ©gitime de l'Ă©crivain et revendiquent la reconnaissance d'un genre littĂ©raire longtemps dĂ©valuĂ© parce que souvent associĂ© au poche, aux productions Ă  bas prix et Ă  une Ă©conomie industrielle de masse pour ne parler que des plus rĂ©cents, les prix de polars issus des littĂ©ratures de l'imaginaire prix Utopiales de SF, prix Imaginales de fantasy, prix Zone-Franche de Bagneux de la meilleure nouvelle publiĂ©e en fanzine.... En se voulant alternatives pour mieux faire oublier la standardisation des formats et des contenus, en s'affichant expĂ©rimentales contre le mainstream ambiant, ces littĂ©ratures en quĂȘte de reconnaissance espĂšrent, par les prix, faire oublier leur genĂšse industrielle et commerciale de par-delĂ  les impĂ©ratifs Ă©conomiques et Ă©ditoriaux que ces mauvais genres » recouvrent stimulation de la production d'un secteur Ă©ditorial, promotion d'une collection Ă©ditoriale, etc., ce sont bien les enjeux mĂ©diaculturels [21] » qu'ils incarnent qui les rendent inĂ©dits dans le dispositif des prix valorisation d'un territoire, d'une ville ou d'une rĂ©gion, comme les Utopiales de Nantes, les Imaginales d'Épinal ; association cross over de la musique, du théùtre, du cinĂ©ma et du multimĂ©dia dans certains festivals internationaux, comme celui d'AngoulĂȘme en BD. Bien plus, ils renouvellent radicalement la logique de prescription littĂ©raire par une dĂ©marche gĂ©nĂ©ratrice de lien social et de rencontres, et par la cohĂ©sion communautaire de vĂ©ritables tribus attachĂ©es aux mĂȘmes totems culturels [22] qu'ils incarnent. En ce sens, ils font Ă©cho Ă  l'une des mĂ©tamorphoses les plus spectaculaires des prix littĂ©raires celle par laquelle se voient entĂ©rinĂ©es des formes de littĂ©rature et de culture dites illĂ©gitimes » majoritairement consommĂ©es de nos jours, face Ă  un livre de plus en plus concurrencĂ© par ces nouveaux genres littĂ©raires et par toutes les productions transmĂ©diatiques dĂ©clinĂ©es sur iPad, liseuses, smartphones et signe des effets de la dĂ©mocratisation culturelle sur la consommation littĂ©raire et les formes nouvelles de la prescription l'essor des prix dĂ©livrĂ©s par bibliothĂ©caires et libraires, autrement dit par des professionnels du livre situĂ©s en aval de la chaĂźne du livre. Leur inflation ces derniĂšres annĂ©es pose question s'agit-il simplement de ramener Ă  la lecture des populations qui s'en dĂ©sintĂ©ressent ? de lutter contre la dĂ©sertion progressive de lieux du livre librairie, bibliothĂšque en substituant aux ennuyeux classiques » une actualitĂ© vivante, Ă  dĂ©faut de qualitĂ© avĂ©rĂ©e ? À la fois instrument d'une mĂ©diation culturelle de proximitĂ©, sans marques d'allĂ©geance avec les instances lettrĂ©es traditionnelles, outil de dĂ©fense corporative de mĂ©tiers de la chaĂźne du livre en crise et mis en danger par le dĂ©clin de la lecture, l'urgence d'un tri et le spectre d'univers prochainement googlisĂ©s » et amazonisĂ©s », les prix de libraires et de bibliothĂ©caires sont liĂ©s Ă  l'urgence, rĂ©elle ou fantasmĂ©e, d'une librairie ou d'une bibliothĂšque troisiĂšme lieu », sur le modĂšle de convivialitĂ© dĂ©crit par Ray Oldenburg [23]. Par crainte de se voir aliĂ©nĂ©e Ă  une Ă©conomie de distribution et de simple circulation des livres, la librairie a ainsi trouvĂ© dans les prix littĂ©raires dĂšs les annĂ©es 1950 une occasion d'asseoir une autoritĂ© prescriptive plus proche des lecteurs en restaurant son rĂŽle de conseil et en recherchant une voie directe de lĂ©gitimation. Mais l'atomisation des prix de la profession, des prix des librairies Initiales au prix Fnac en passant par le Prix des libraires et le prix Wepler, et le tsunami de la rĂ©volution numĂ©rique rendent plus que jamais incertain le devenir de ces espaces de la mouvance des nombreux prix littĂ©raires, rĂ©gionaux ou nationaux, créés dans les Ă©coles, autrefois pour endiguer l'illettrisme, aujourd'hui pour aller dans le sens de la doxa et lutter contre la crise » de la lecture, les prix jeunesse offrent, quant Ă  eux, aux bibliothĂ©caires, Ă  l'Ă©cole et aux librairies spĂ©cialisĂ©es de segmenter un marchĂ© du livre jeunesse plĂ©thorique et de fabriquer de la valeur – celle, moins littĂ©raire que sociale, d'un rapport dĂ©complexĂ© aux Ă©crivains et Ă  la littĂ©rature, dont on ne sait encore vraiment s'il relĂšve d'une injonction enseignante, d'un voeu pieux de retour au livre ou d'une volontĂ© rĂ©elle des jeunes de lire autrement et autre chose. Si ces acteurs du livre y confortent leur rĂŽle de mĂ©diateurs culturels, prix SorciĂšres, prix Tam-Tam J'aime lire et Je bouquine, prix des Incorruptibles ont aussi en commun leur faible mĂ©diatisation, mais que compense largement l'inscription des ouvrages prescrits dans des logiques de long-sellers et de rayonnement Ă  l'international via les traductions facilitĂ©es. Souvent associĂ©s Ă  des salons ou des festivals, ces prix sont aussi des instances de contrĂŽle de la bonne lecture », prĂ©fĂ©rant souvent les vertus morales, Ă©ducatives et didactiques Ă  l'originalitĂ© et Ă  la crĂ©ation audacieuse. Ils corroborent en ce sens le rĂŽle de simples indicateurs de tendance et de boussoles de la bonne » rĂ©ception que constitue tout prix et expertise profane17Mais c'est du cĂŽtĂ© du sacre des prix de lecteurs que la mĂ©tamorphose de la prescription est la plus manifeste. Non seulement elle remet en cause la capacitĂ© des prescripteurs institutionnels traditionnels Ă  dicter les choix littĂ©raires, mais elle dĂ©place surtout les conditions du sacre de l'Ă©crivain » vers celles du prescripteur profane ou du Roi lire ». Ces prix alternatifs de lecteurs [24], initialement créés par des mĂ©dias radio, TV, presse magazine et signe d'une entrĂ©e en force de nouvelles formes de consĂ©cration littĂ©raire dans les circuits acadĂ©miques traditionnels, vont massivement se dĂ©velopper dans les annĂ©es 1970 Grand Prix des lectrices de Elle, prix du Livre Inter, etc., dans la contestation virulente d'Ă©lites lettrĂ©es dont on dĂ©nonce la corruption et la collusion avec les Ă©diteurs. Mais par-delĂ  cette crise majeure des grands prix d'automne, il faut lire aussi la volontĂ© des mĂ©dias modernes de s'Ă©riger Ă  leur tour en producteurs de goĂ»t, au nom d'une mission de service public donner la parole aux lecteurs/auditeurs qui n'exclut pas des intĂ©rĂȘts commerciaux Ă©vidents fidĂ©liser un lectorat ou renforcer une audience et des enjeux relevant d'une prescription marchande. Dans ces jurys tournants formĂ©s de lecteurs amateurs, le capital de confiance se fonde sur la prĂ©fĂ©rence accordĂ©e aux agoras dĂ©mocratiques de simples lecteurs sur les prytanĂ©es Ă©litaires de professionnels avertis, sur l'absence d'implication de ces lecteurs dans les luttes et les intĂ©rĂȘts du champ et sur le principe sĂ©duisant de bonne volontĂ© culturelle » grĂące auquel le plĂ©biscite et le vote se substituent au verdict prescriptif. Cette nouvelle forme de prescription littĂ©raire souligne aussi le rĂŽle et l'efficience de ces nouveaux leaders » ou relais d'opinion » diffusant au plus grand nombre, en rĂ©gime dĂ©mocratique, les goĂ»ts et les choix normĂ©s par les mĂ©dias ou le marketing en matiĂšre de littĂ©rature et de livres, selon la thĂšse de la communication Ă  double Ă©tage two-step flow theory, ou two-step flow of communication dĂ©veloppĂ©e par Lazarsfeld et Katz [25]que l'on serait tentĂ© ici d'appliquer Ă  ces jurys littĂ©raires amateurs, dans la mĂ©diation prescriptive consentie qu'ils exerceraient entre mĂ©diatisation, promotion et dans la mouvance des initiatives multipliĂ©es, depuis les annĂ©es 1980, par les pouvoirs publics de soutien promotionnel apportĂ© au livre et Ă  la lecture Temps des livres », Salon du livre, actions des Drac, CRL..., le Goncourt des lycĂ©ens est, lui, le rĂ©sultat d'un partenariat Ă©trange impliquant l'Éducation nationale, la Fnac de Rennes et l'acadĂ©mie Goncourt dans le but de donner un intĂ©rĂȘt nouveau Ă  la lecture scolaire [26] », en proposant Ă  des lycĂ©ens la sĂ©lection d'ouvrages du vrai » Goncourt. Il relĂšve de la lutte contre l'illettrisme et de la croyance en la valeur de la lecture comme pratique favorisant l'acculturation, comme dans tous les prix jeunesse qu'on voit fleurir aujourd'hui, sans ĂȘtre exempt d'intĂ©rĂȘts marchands. Mais la confusion qu'il entretient entre missions Ă©ducative faire lire des livres et littĂ©raire faire Ă©lire un auteur, et son enjeu commercial faire vendre des livres, illustrent bien la façon dont aujourd'hui les circuits de production, de diffusion et de lĂ©gitimation du livre convergent au dĂ©triment d'un auteur qui voit le capital symbolique de sa crĂ©ation littĂ©raire rĂ©duit Ă  l'expertise en mode mineur de jeunes la vĂ©ritable rĂ©volution de prix littĂ©raires sera sans doute celle d'Internet qui, en renforçant et en accĂ©lĂ©rant cette promotion du jugement amateur, va nous permettre de mesurer en direct la construction d'une expertise profane de la fiction littĂ©raire. Sites, blogs, forums, rĂ©seaux sociaux dynamitent, en effet, la frontiĂšre mouvante qui sĂ©pare amateurs et professionnels, sans remettre pour autant en question la croyance collective en un jugement critique capable de dĂ©signer la qualitĂ© littĂ©raire. Il y a fort Ă  parier que le Web proposera le meilleur et le pire de la prescription littĂ©raire des prix alternatifs s'intĂ©ressant aux marges du marchĂ©, aux oubliĂ©s de la sociĂ©tĂ© du spectacle » prix des lecteurs de prix Écrire aufeminin [27], prix Biblioblog..., aux prix liĂ©s Ă  de grosses enseignes marchandes ou Ă  des annonceurs cachant mal les enjeux commerciaux qui sont les leurs prix du livre numĂ©rique lancĂ© par la Fnac, le magazine ActuaLittĂ© et les Ă©ditions Ex-Aequo [28], prix du livre numĂ©rique par Sony [29]..., en passant par tout ce marais des prix nĂ©s des blogs imitant plus qu'ils ne contestent les protocoles habituels, et proposant une prescription littĂ©raire dictĂ©e par le j'aime/j'aime pas » d'une passion de la lecture Ă  faire partager, mais qui, pour sincĂšre qu'elle soit, a peu de chance de dĂ©fendre une littĂ©rature originale, exigeante, voire difficile, totalement invisible dans l'espace mĂ©diatique actuel. Pour illustrer le caractĂšre inĂ©dit des premiers et ne prendre qu'un exemple, le prix Biblioblog, créé en 2007 par ce carnet de lecture collaboratif et associatif animĂ© par une Ă©quipe de rĂ©daction de quinze membres dans le but de promouvoir le livre et la lecture, la communication, les Ă©changes sur et autour de la littĂ©rature », inaugure un prix de lecteurs au maillage convivial, voire affectif, qui rĂ©active en les renouvelant les mises en scĂšne et les jeux de salons ou cĂ©nacles littĂ©raires dans un curieux retour aux sources qui ont vu naĂźtre avec le xxe siĂšcle les premiers prix littĂ©raires Goncourt et Femina. Mais impliquĂ© dans la dĂ©fense de la librairie indĂ©pendante, plus ouvert aux petits Ă©diteurs Ă©ditions Philippe Rey, Corti et aux primo-romanciers Paul Vacca en 2009, Tatiana Arfel en 2010, il affirme une fonction de dĂ©couverte hors des sentiers bien balisĂ©s des rentrĂ©es littĂ©raires et revendique l'expertise critique d'amateurs avertis rĂ©unis par un mĂȘme plaisir de lire et d' ĂȘtre-ensemble ». La blogosphĂšre offre donc au lecteur de sortir de l'ombre dans laquelle l'a cantonnĂ© la chaĂźne du livre traditionnel et d'exister pleinement comme lecteur actif, rĂ©actif, interactif et participatif. L'Ă©mergence via le Web de ce lecteur-roi change donc les rĂšgles du jeu de la reconnaissance littĂ©raire la logique d'excellence laissant la place Ă  une logique d'appartenance et de connivence fondĂ©e sur une communautĂ© de goĂ»ts partagĂ©s. Comme jamais l'intelligence des textes et leur jugement critique sont devenus collectifs. Mais comme jamais aussi, une Ă©thique de ces lectures collectives partagĂ©es, vigilante dans l'Ă©quilibre Ă  trouver entre logiques esthĂ©tiques et marchandes, est attendue pour que le dispositif des prix littĂ©raires Ă©chappe au rĂŽle qui risque, sinon, de redevenir le sien celui de n'ĂȘtre qu'une simple machine Ă  rĂ©trĂ©cir les de livres et babil prescriptif crise ou mĂ©tamorphose de l'autoritĂ© prescriptive ?20L'euphorie a donc ses limites et l'on ne peut s'empĂȘcher de se demander ce que recouvre pareil babil prescriptif. À se dĂ©multiplier et se parcelliser Ă  l'excĂšs prĂšs de 2 000 prix littĂ©raires aujourd'hui en France, dont moins d'une dizaine sont vendeurs, le dispositif de prix littĂ©raires pose en effet question l'autoritĂ© prescriptive sans laquelle tous ces prix ne mĂ©riteraient pas une minute d'attention ne se perd-elle pas et ne se dilue-t-elle pas au point de ne plus faire sens et de s'annuler, rĂ©duite, au mieux, Ă  une simple revendication d'existence, d'appartenance ou d'identitĂ© sans suite ? Tous ces espaces de dĂ©signation d'une valeur, Ă  se contester et se contredire sans cesse au nom de missions hĂ©tĂ©rogĂšnes, voire contradictoires, n'Ă©garent-ils pas plus qu'ils n'Ă©clairent le consommateur-lecteur noyĂ© dans l'hyperchoix ? Et quid de la valeur esthĂ©tique si, comme on l'a vu, l'Ă©crivain primĂ© tient plus d'un faire-valoir dans un systĂšme oĂč la dĂ©signation verticale par des Ă©lites lettrĂ©es de ce qui doit ĂȘtre lu est de plus en plus concurrencĂ©e par des formes de prescription horizontale proposant quelques balises informĂ©es de ce qui peut ĂȘtre lu dans tel ou tel registre des littĂ©ratures que le marchĂ© propose, des formes les plus consentantes et formatĂ©es aux formes les plus exigeantes et esthĂ©tiques ? Ce n'est pas qu'on cesse de croire en la valeur esthĂ©tique comme en une essence Ă©ternelle totalement illusoire qui inquiĂšte, mais qu'elle ne soit plus prioritaire dans les dĂ©bats sur les palmarĂšs des prix, talonnĂ©e par d'autres types de valeurs marchandes, utilitaires, corporatistes, Ă©ducatives, ludiques qui se soucient peu du devenir de la littĂ©rature. Que penser en effet d'un dispositif qui ne met plus la prioritĂ© sur le processus d'auctorialisation, sans lequel la prescription cesse de consacrer l'auteur et de lĂ©gitimer le rĂŽle de ses Ă©crits dans la CitĂ©, autrement dit lui ĂŽte toute prĂ©rogative face Ă  la loi du marchĂ© et aux impĂ©ratifs de production Ă©ditoriale ? Si JĂ©rĂŽme Lindon lançait l'anathĂšme dans un cĂ©lĂšbre article du Monde contre une Ă©dition sans Ă©diteurs » [30], que penser d'une Ă©dition sans auteurs » reconnus pour leur auctoritas et libres de s'autoriser Ă  augmenter le volume de leurs Ă©crits sans se soucier des effets de la mondialisation, de l'hyperchoix et de la rupture numĂ©rique » ? Message subliminal que suggĂšre Ă  sa maniĂšre La Liseuse de l'OuLiPien Paul Fournel, publiĂ© aux Ă©ditions en 2012 Ă  la fois histoire drolatique de l'entrĂ©e de cet objet high-tech dans la vie d'un Ă©diteur traditionnel, hymne passionnĂ© Ă  la lecture et exercice de style Ă  contrainte, le rĂ©cit Ă©pousant la forme d'une sextine, cette forme poĂ©tique inventĂ©e au xiie siĂšcle par le troubadour Arnaut Daniel, qui nous rappelle avec humour et poĂ©sie que sans la littĂ©rature, l'industrie culturelle du livre et sa cacophonie prescriptive ne mĂ©riteraient pas une heure de peine. Notes [1] Paul Ricoeur, Approches de la personne », Esprit, mars-avril 1990, p. 115-130. [2] HervĂ© Bazin, entretien dans Le Figaro, 17 dĂ©cembre 1971. [3] James English, The Economy of prestige. Prizes, Awards and the Circulation of Culture Value, Cambridge, Havard University Press, 2005. [4] Paul BĂ©nichou, Le Sacre de l'Ă©crivain 1750-1830. Essai sur l'avĂšnement d'un pouvoir laĂŻque dans la France moderne, Paris, JosĂ© Corti, 1973. [5] Sylvie Ducas, Prix littĂ©raires en France labels du livre, Babel des livres », in Nathalie CollĂ©-Bak, Monica Latham et David Ten Eyck dir., Les Vies du livre/The Lives of the Book, Presses universitaires de Nancy, 2010, p. 179-196. [6] Sylvie Ducas, Les prix littĂ©raires des Ă©ditions de Minuit une paradoxale marque de style ? », actes du colloque de l'universitĂ© d'Aix en Provence de mai 2012, Existe-t-il un style Minuit ?, Presses universitaires de Provence Ă  paraĂźtre. [7] Sylvie Ducas, HervĂ© Bazin Ă  l'AcadĂ©mie Goncourt Du “fils de Folcoche” Ă  l'hĂ©ritier des Goncourt », in Anne-Simone Dufief dir., HervĂ© Bazin, connu et inconnu, Presses de l'UniversitĂ© d'Angers, 2009, p. 11-25. [8] Sylvie Ducas, L'Ă©crivain plĂ©biscitĂ© ou “publi-citĂ©â€ ? Images et postures autour des prix littĂ©raires », in Laurence Guellec et Françoise Hache-Bissette dir., LittĂ©rature et publicitĂ©. De Balzac Ă  Beigbeder, Paris, Ă©ditions Gaussen, 2012, p. 357-365. [9] Maria Pourchet, Faces et envers des Ă©crans de la littĂ©rature 1953-2007. ArchĂ©ologie d'un monde du Discours images, acteurs et publics de tĂ©lĂ©vision, thĂšse de doctorat en sciences de l'information et de la communication, sous la direction de Jacques Walter, universitĂ© de Metz, 2007 ; FrĂ©dĂ©ric Delarue, À la croisĂ©e des mĂ©diations les Ă©missions littĂ©raires de la tĂ©lĂ©vision française de 1968 Ă  1990, thĂšse de doctorat d'histoire, sous la direction de Christian Delporte, universitĂ© Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, 2010. [10] Il s'agit du projet La reconnaissance littĂ©raire Ă  l'Ă©preuve de la cĂ©lĂ©britĂ© les reprĂ©sentations mĂ©diatiques des Ă©crivains en France 1945-2011 » financĂ© par le ministĂšre de la Culture et de la Communication DĂ©partement Études, Prospective, Statistiques-DEPS, menĂ© conjointement par le groupe de recherche Pratiques crĂ©atives sur Internet » du Laboratoire Communication et Politique UPR3255, CNRS et le groupe de recherche sur la Presse Magazine de Sciences-Po CHSP auxquels je me suis associĂ©e. Il vise Ă  interroger toute la complexitĂ© de la reconnaissance littĂ©raire en analysant les variations des reprĂ©sentations mĂ©diatiques des Ă©crivains en France, tant d'un point de vue diachronique – de la LibĂ©ration Ă  nos jours – que synchronique, selon les supports examinĂ©s presse magazine, radio, tĂ©lĂ©vision et web. [11] AutoritĂ© critique manifeste dans la premiĂšre pĂ©riode 1945-60, mais dĂ©clin sensible dans la seconde 1960-70-2000 les articles consacrĂ©s Ă  la littĂ©rature et aux livres sont de plus en plus courts disparition progressive du feuilleton littĂ©raire situĂ© en rez-de-chaussĂ©e de journal ; relĂ©gation dans les pages annexes des journaux, loin de la Une, abandonnent de plus en plus l'analyse stylistique poussĂ©e pour se rĂ©duire Ă  la chronique ou au commentaire factuel. [12] Michel Melot, Livre, Paris, L'ƒil neuf Ă©ditions, coll. L'Ăąme des choses », 2006, p. 152. [13] Sylvie Ducas, La couronne et le bandeau. Paratexte Ă©ditorial des livres primĂ©s auteur canonisĂ© ou livre labellisĂ© ? », in Gilles Polizzi et Anne RĂ©ach-NgĂŽ dir., Le livre, produit culturel » ? De l'invention de l'imprimĂ© Ă  la rĂ©volution numĂ©rique, Orizons, coll. UniversitĂ©s », 2012 , p. 133-149. [14] Sylvie Ducas, De la fabrique de l'auteur Ă  la fable auctoriale postures et impostures de l'Ă©crivain consacrĂ© », in Marie-Pier Luneau et JosĂ©e Vincent dir., La fabrication de l'auteur, QuĂ©bec, Nota Bene, 2010, p. 160. [15] Sylvie Ducas, Prix littĂ©raires en France labels du livre, Babel des livres », art. cit. [16] François Rouet, Le livre, mutations d'une industrie culturelle, Paris, La Documentation française, rééd. 2007, p. 20. [17] Selon M. Botton, patron du cabinet Nomen crĂ©ateur des noms Wanadoo ; Vivendi... interrogĂ© par Livres Hebdo, si le prix [Goncourt] Ă©tait une marque commerciale, elle vaudrait 15 millions d'euros, soit le montant Ă  investir en communication pour atteindre la notoriĂ©tĂ© et l'attractivitĂ© du prix » 1er aoĂ»t 2008. [18] Michel Melot, Livre, op. cit., p. 152. [19] GĂ©rard Genette, Seuils, Paris, Le Seuil, 1987, p. 27. [20] Walter Benjamin, Je dĂ©balle ma bibliothĂšque. Une pratique de la collection, Paris, Rivages, poche, coll. Petite BibliothĂšque », 2000. [21] Au sens oĂč l'emploie Éric Maigret, Bande dessinĂ©e et postlĂ©gitimitĂ© », in Éric Maigret et Matteo Stefanelli dir., La bande dessinĂ©e une mĂ©diaculture, Paris, Armand Colin/Ina, 2012 ; avec Éric MacĂ©, Penser les mĂ©diacultures, Armand Colin/Ina, 2005. [22] Michel Maffesoli, Le temps des tribus le dĂ©clin de l'individualisme dans les sociĂ©tĂ©s postmodernes, 1988, Le Livre de poche, 1991. [23] Ray Oldenburg, The Great Good Place, Marlowe & Co, 1999. [24] Sylvie Ducas, Prix littĂ©raires créés par les mĂ©dias pour une nouvelle voie d'accĂšs Ă  la consĂ©cration littĂ©raire ? Les exemples du Prix du Livre-Inter et du Grand Prix des Lectrices de Elle », RĂ©seaux, 21117, Nouvelles voies de la consĂ©cration culturelle », HermĂšs Science Publications, 2003, p. 49-83. [25] Elihu Katz et Paul Lazarsfeld, Personal Influence, New York, The Free Press, 1955, Influence personnelle, rééd. Paris, Armand Colin, 2008. [26] Goncourt des LycĂ©ens 2009 Mode d'emploi. [27] Prix d'auteurs amateurs visant Ă  promouvoir la crĂ©ation littĂ©raire dĂ©diĂ©e aux supports numĂ©riques smartphones, liseuses, tablettes, PC et autres devices numĂ©riques. [28] Simple appel Ă  textes et non pas prix rĂ©compensant des textes littĂ©raires publiĂ©s en numĂ©rique en premiĂšre Ă©dition. MĂȘme travail que les Ă©diteurs en ligne comme François Bon et ou Christophe Lucquin de LC Éditions du Nouveau Livre, Nicolas Francannet de StoryLab et Numeriklivres. [29] Sony, Lire et sĂ©lectionnent des lecteurs pour devenir membres du jury. Ceux-ci se voient remettre un livre Ă©lectronique Reader de Sony contenant les 10 livres sĂ©lectionnĂ©s et peuvent donner leur avis sur cette sĂ©lection sous forme de critiques publiĂ©es sur le site sur Le Cercle Reader mais aussi sur les rĂ©seaux sociaux Twitter, Facebook, Youtube.... Le Prix, créé en 2011, est attribuĂ© dans le cadre du Salon du livre de Paris. [30] JĂ©rĂŽme Lindon, De l'Ă©dition sans Ă©diteurs », Le Monde, 9 juin 1998. BĂ©nichou, Paul, Le Sacre de l'Ă©crivain 1750-1830. Essai sur l'avĂšnement d'un pouvoir laĂŻque dans la France moderne, Paris, JosĂ© Corti, Walter, Je dĂ©balle ma bibliothĂšque. Une pratique de la collection, Paris, Rivages, poche, coll. Petite BibliothĂšque », FrĂ©dĂ©ric, À la croisĂ©e des mĂ©diations les Ă©missions littĂ©raires de la tĂ©lĂ©vision française de 1968 Ă  1990, thĂšse de doctorat d'histoire, sous la direction de Christian Delporte, universitĂ© Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, Sylvie, HervĂ© Bazin Ă  l'AcadĂ©mie Goncourt Du “fils de Folcoche” Ă  l'hĂ©ritier des Goncourt », in Anne-Simone, Dufief dir., HervĂ© Bazin, connu et inconnu, Presses de l'universitĂ© d'Angers, 2009, p. Sylvie, La LittĂ©rature Ă  quels prix ? Histoire des prix littĂ©raires, Paris, La DĂ©couverte, coll. Cahiers libres », Sylvie, De la fabrique de l'auteur Ă  la fable auctoriale postures et impostures de l'Ă©crivain consacrĂ© », in Marie-Pier, Luneau et JosĂ©e, Vincent dir., La Fabrication de l'auteur, QuĂ©bec, Nota Bene, 2010, p. Sylvie, L'Ă©crivain plĂ©biscitĂ© ou “publi-citĂ©â€ ? Images et postures autour des prix littĂ©raires », in Laurence, Guellec et Françoise, Hache-Bissette dir., LittĂ©rature et publicitĂ©. De Balzac Ă  Beigbeder, Paris, Ă©ditions Gaussen, 2012, p. Sylvie, La couronne et le bandeau. Paratexte Ă©ditorial des livres primĂ©s auteur canonisĂ© ou livre labellisĂ© ? », in Gilles, Polizzi et Anne, RĂ©ach-NgĂŽ dir., Le livre, produit culturel » ? De l'invention de l'imprimĂ© Ă  la rĂ©volution numĂ©rique, Orizons, coll. UniversitĂ©s », 2012, p. 133-149. En ligneDucas, Sylvie, Prix littĂ©raires créés par les mĂ©dias pour une nouvelle voie d'accĂšs Ă  la consĂ©cration littĂ©raire ? Les exemples du Prix du Livre-Inter et du Grand Prix des Lectrices de Elle », RĂ©seaux, 21117, Nouvelles voies de la consĂ©cration culturelle », HermĂšs Science Publications, 2003, p. Sylvie, Prix littĂ©raires en France labels du livre, Babel des livres », in Nathalie, CollĂ©-Bak, Monica, Latham et Ten Eyck David dir., Les Vies du livre/The Lives of the Book, Presses universitaires de Nancy, 2010, p. James, The Economy of prestige. Prizes, Awards and the Circulation of Culture Value, Cambridge, Havard University Press, GĂ©rard, Seuils, Paris, Le Seuil, Elihu, Lazarsfeld, Paul, Personal Influence, New York, The Free Press, 1955, Influence personnelle, rééd. Paris, Armand Colin, Michel, Le temps des tribus le dĂ©clin de l'individualisme dans les sociĂ©tĂ©s postmodernes [1988], Le Livre de poche, Éric, MacĂ©, Éric dir., Penser les mĂ©diacultures, Armand Colin/Ina, Éric, Stefanelli, Matteov dir., La bande dessinĂ©e une mĂ©diaculture, Paris, Armand Colin/Ina, Michel, Livre, Paris, L'ƒil neuf Ă©ditions, coll. L'Ăąme des choses », Ray, The Great Good Place, Marlowe & Co, Maria, Faces et envers des Ă©crans de la littĂ©rature 1953-2007. ArchĂ©ologie d'un monde du Discours images, acteurs et publics de tĂ©lĂ©vision, thĂšse de doctorat en sciences de l'information et de la communication, sous la direction de Jacques Walter, universitĂ© de Metz, Paul, Approches de la personne », Esprit, mars-avril 1990, p. François Le livre, mutations d'une industrie culturelle, Paris, La Documentation française, rééd. 2007. Ainsi toute la prĂ©sentation que fait Ivarra de Michele Verino vise Ă  en faire un jeune homme d’une grande vertu, renonçant aux plaisirs de la chair malgrĂ© sa condition physique. C’est encore Lazzari qui a dĂ©noncĂ© et rectifiĂ© ces assertions totalement infondĂ©es, tant sur l’origine du poĂšte, qu’au sujet de son Ă©tat de santĂ© et de sa mort. Article rĂ©servĂ© aux abonnĂ©s Historien du diable et de la sorcellerie, de Guillemette Babin, dont il a Ă©crit la Vie exĂ©crable, biographe de l'hĂ©rĂ©siarque Vintras, M. Maurice Garçon cĂ©lĂšbre aujourd'hui la vertu, sous la Coupole, au cours de la sĂ©ance publique annuelle de l'AcadĂ©mie française. Il le fait avec sĂ©rieux, avec gravitĂ© mĂȘme. Son rapport - car c'en est un - prĂ©sente Ă  ses auditeurs quelques-uns des laurĂ©ats des prix, mais cette Ă©numĂ©ration est prĂ©cĂ©dĂ©e et suivie de considĂ©rations gĂ©nĂ©rales, celle-ci par exemple que la libertĂ© est la condition mĂȘme de la vertu. M. Maurice Garçon dit aussi les " joies pures " qu'elle procure et dĂ©signe la bonne humeur comme une des dispositions naturelles des personnes vertueuses. Il proclame enfin l'a estime admirative " de l'AcadĂ©mie pour ceux qu'elle couronne. S'excusant auprĂšs d'eux de la modicitĂ© des rĂ©compenses qui leur sont accordĂ©es, il ajoute nous savons " que ceux qui les reçoivent attachent plus de valeur Ă  la distinction honorable dont ils font l'objet qu'Ă  l'expression en numĂ©raire qui l'accompagne ". VoilĂ  une constatation qui marque un progrĂšs sensible de la vertu. En effet l'un des tout premiĂšre laurĂ©ats des prix Montyon, peut-ĂȘtre mĂȘme le premier, invitĂ© Ă  faire connaĂźtre s'il prĂ©fĂ©rait recevoir une mĂ©daille ou sa valeur en numĂ©raire, rĂ©pondit sans hĂ©siter " J'aime mieux l'argent. " On ne manquera sans doute pas d'applaudir ces judicieuses observations du directeur de l'AcadĂ©mie française sur le rĂŽle de tous ceux qui Ă©crivent dans le relĂšvement moral de notre pays " Si les journalistes, les Ă©crivains, ceux qu'on entend Ă  la radio, ceux qui crĂ©ent les Ɠuvres cinĂ©matographiques, si tous ceux en un mot qui peuvent avoir une influence sur le pays et diriger sa conscience sont bien convaincus qu'ils sont les soutiens de la moralitĂ© publique, je crois que leur action peut servir le bien et que leur effort commun doit rapidement amener la foule, souvent; aveugle, Ă  se rĂ©former. " Le rapport sur les prix littĂ©raires ChargĂ© comme chaque annĂ©e, en sa qualitĂ© de secrĂ©taire perpĂ©tuel, du rapport sur les prix littĂ©raires. M. Georges Lecomte dĂ©bute par des observations sur la dĂ©fense de notre langue hors de nos frontiĂšres. Il vous reste de cet article Ă  lire. La suite est rĂ©servĂ©e aux abonnĂ©s. Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil Ă  la fois Ce message s’affichera sur l’autre appareil. DĂ©couvrir les offres multicomptes Parce qu’une autre personne ou vous est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil. Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil Ă  la fois ordinateur, tĂ©lĂ©phone ou tablette. Comment ne plus voir ce message ? En cliquant sur » et en vous assurant que vous ĂȘtes la seule personne Ă  consulter Le Monde avec ce compte. Que se passera-t-il si vous continuez Ă  lire ici ? Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connectĂ© avec ce compte. Y a-t-il d’autres limites ? Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant Ă  des moments diffĂ©rents. Vous ignorez qui est l’autre personne ? Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe. Conjoncture2022 Cochon : une annĂ©e mouvementĂ©e. Dernier signe du zodiaque chinois, le cochon est dotĂ© de force et de courage. Aussi, sous l’égide du Tigre d’eau le cochon pourra accomplir de grandes choses. Au travail, il verra sa charge de travail augmenter, mais le cochon est travailleur et astucieux, il fera tout pour faire avancer
Immobile sous le jet brĂ»lant, les yeux fermĂ©s, Carole laisse dĂ©gouliner les fatigues de sept heures d’avion. Bien sĂ»r, le voyage n’est pas encore fini. Tout Ă  l’heure, il y aura un autre avion Ă  prendre, et puis les interminables formalitĂ©s Ă  l’arrivĂ©e Ă  Emerald Cape, et encore l’installation Ă  l’hĂŽtel... Mais, pour l’instant, elle profite pleinement de ces quelques heures d’escale, de la voluptĂ© particuliĂšre d’une douche en pleine journĂ©e, du parfum prĂ©cieux de son lait de toilette. Quand elle sort de la cabine, elle se frictionne soigneusement, s’enduit Ă  petits gestes efficaces d’une crĂšme de luxe, se coiffe, enfile un tailleur pantalon impeccable. Carole n’est pas de ces femmes qui soupirent devant leur miroir. À quarante-deux ans, elle est restĂ©e jolie, elle le sait et en connaĂźt le prix. De l’esthĂ©ticienne au coach sportif, des accessoires griffĂ©s Ă  l’alimentation bio, de la discipline, du temps et de l’argent, il n’y a pas de miracle. Regardez-la entrer dans la salle d’attente de l’aĂ©roport. Tout est parfait. Ses vĂȘtements, son maquillage, sa coiffure, son sourire haut accrochĂ©, sa dĂ©marche qui reste Ă©lĂ©gante malgrĂ© le poids de son sac. Qu’est-ce qui la pousse ? Qu’est-ce qui la jette, jour aprĂšs jour, au saut du lit, dans cette course aux apparences ? Y a-t-il dans son histoire une petite Carole en chemise de nuit, agenouillĂ©e prĂšs de son lit, qui prie Mon Dieu, JĂ©sus, Marie et tous les Saints, je vous en supplie, faites que ma vie soit parfaite ! » ? Elle affectionne le mot gĂ©rer ». Tout se gĂšre. Le travail, les gens, le temps qui passe et le temps qui manque. Avec une Ă©nergie quasi mystique, Carole gĂšre ses enfants les meilleures Ă©coles, cela va de soi, et du sport pour GisĂšle la danse, qui rend les fillettes gracieuses, pour Jean-Christophe le tennis, qui fait des garçons dĂ©gourdis. Pour les deux du violon, et le club d’échecs. Le catĂ©chisme, Ă©videmment, et une nanny qui leur parle anglais le mercredi. Plus un ballet de spĂ©cialistes de tous bords, dont le nom commence par ortho ». Carole contrĂŽle tout ce qu’ils portent, ce qu’ils mangent, ce qu’ils aiment, qui ils frĂ©quentent. Bien sĂ»r, quelque effort que l’on fasse, la vie n’est jamais tout Ă  fait parfaite, mais l’essentiel n’est-il pas qu’elle le paraisse ? Il y avait eu ces longs mois oĂč Yves ne faisait que passer Ă  la maison, prendre ses clubs de golf, dĂźner sur le pouce ou se changer, sans mĂȘme lui adresser la parole. Carole s’était battue. Remises en question, thĂ©rapeute conjugale, monologues d’une infinie patience devant un Yves fermĂ© qui fixait une ineptie Ă  la tĂ©lĂ©vision. Elle avait fini par gagner et par reformer, Ă  force de conviction, le couple lisse et feutrĂ© qu’ils avaient toujours Ă©tĂ©. Aux amis, elle avait parlĂ© de surmenage, et ils avaient soupirĂ© avec sympathie. Ensuite, elle avait rĂ©servĂ© des vacances de rĂȘve, cela avait Ă©tĂ© leur premier sĂ©jour Ă  Emerald Cape. Du drame du cancer de sa mĂšre, elle s’était protĂ©gĂ©e en s’accrochant au qu’en verra-t-on ». Elle souriait Ă  la malade, lui envoyait des fleurs, affichait une mine optimiste et courageuse. Son dĂ©vouement forçait l’admiration, et c’était bien lĂ  le but recherchĂ©. Carole avait rajoutĂ© de l’abnĂ©gation Ă  la louche. Rien n’est jamais trop beau quand il s’agit d’aimer l’image que les autres ont de nous. Plus tard, elle avait dosĂ© avec art son affliction afin qu’elle ne basculĂąt pas dans la théùtralitĂ©. Elle avait choisi les costumes de deuil des enfants un bleu marine classique — les enfants ne portent pas de noir. Elle avait peaufinĂ© le texte Ă©mouvant qu’elle avait lu Ă  l’église, si belle et si touchante dans sa robe sombre. Elle avait mis un maquillage rĂ©sistant Ă  l’eau, au cas oĂč elle pleurerait. Mais elle n’avait pas pleurĂ©. Dans la salle d’attente, Yves sirote une tasse de cafĂ©, Ă  demi allongĂ© sur un des fauteuils. Quand Carole arrive, il lui sourit, tandis que les enfants s’empressent autour d’elle. — Maman ! Papa a dit qu’on pourrait aller voir pour ma montre de plongĂ©e... — D’accord, dit Carole en dĂ©tachant ses mots, mais on est bien d’accord, Jean-Christophe, tu te l’offres avec ton argent de poche... — Oui, oui... — Et moi, Maman, je voudrais du parfum. On peut l’acheter ici aussi ? GisĂšle. Carole se tourne vers sa fille et la dĂ©taille anxieusement, comme Ă  chaque fois qu’elle la regarde, comme les milliers d’autres fois oĂč elle l’a regardĂ©e depuis qu’elle est nĂ©e. Un joli bĂ©bĂ©, tout rond. Une incertitude bienheureuse, au dĂ©but. Puis, peu Ă  peu, sous l’espiĂšglerie de la petite fille de quatre, cinq, huit ans ; dans les formes floues de l’adolescence s’était dessinĂ© le drame GisĂšle n’était pas jolie. Les traits denses, virils chez son pĂšre, Ă©taient grossiers sur ce visage de fille. Elle avait de petits yeux ronds, une bouche sans charme, un corps trapu que les cours de danse n’avaient pu dĂ©lier. ComplexĂ©e, elle se tenait voĂ»tĂ©e, riait dans sa main pour cacher son appareil dentaire. Pauvre petite crĂ©ature sans soleil, remorquĂ©e dans le sillage rayonnant de sa mĂšre... — Oui, bien sĂ»r ma chĂ©rie, il sera moins cher qu’à Paris. Allez ! Allez ! Je vais prendre un thĂ© vert en vous attendant. Carole les regarde s’éloigner dans la foule bariolĂ©e des voyageurs. Yves, avec sa nouvelle veste en daim, puissance et dĂ©sinvolture. Jean-Christophe qui sautille pour suivre le rythme de son pĂšre, lui expliquant quelque chose avec force gestes. GisĂšle qui suit, jetant des regards inquiets. Elle ramĂšne ses longs cheveux devant ses Ă©paules, et cela accentue l’impression d’accablement qui se dĂ©gage de toute sa personne. Carole soupire. Quand ils ont disparu, elle prend son sac Ă  main, se dirige vers le bar, demande un thĂ©. Son regard se perd vers les pistes, le ciel incroyablement bleu d’AmĂ©rique. Un aĂ©roport en plein dĂ©sert. RigiditĂ© des volumes et quĂȘte de lumiĂšre. C’est Ă  ce moment exact qu’il faudrait s’arrĂȘter, songe-t-elle, Ă  cette minute bĂ©nie, cet instant d’attente, le dernier, juste avant les vacances, quand elles ne sont encore que rĂȘve et impatience. AprĂšs, tout va si vite... quelques jours douillets et heureux, arrachĂ©s Ă  la course quotidienne, et on est dĂ©jĂ  dans l’avion du retour, avec un peu de sable au fond des poches et trois pauvres coquillages coincĂ©s dans la valise... Des cris l’arrachent Ă  sa rĂȘverie. Une femme vient d’entrer dans la salle d’attente. DĂ©braillĂ©e, en nage et visiblement Ă©nervĂ©e, elle houspille d’une voix criarde deux gamins qui slaloment pour Ă©viter les taloches, sans perdre de vue l’écran de leur jeu vidĂ©o. — OĂč c’est que t’as mis la bouteille d’Ice tea ? Hein ? Qui c’est qui l’a mise dans le sac ? J’la trouve plus ! Elle prononce ice tea » Ă  la française. Carole sourit intĂ©rieurement. Il n’y a plus beaucoup de places libres dans la piĂšce. Partout des voyageurs lisent ou discutent Ă  voix basse, se lĂšvent pour aller vers le bar ou les douches. La femme atterrit Ă  cĂŽtĂ© de Carole, sans cesser de houspiller ses enfants. Le plus grand finit par sortir en soupirant la bouteille demandĂ©e, la tend Ă  sa mĂšre sans la regarder et reprend sa partie. Il y a un instant de flottement. Les enfants se sont posĂ©s et on n’entend plus que les bips-bips rĂ©guliers de leurs jeux. Leur mĂšre reprend son souffle. Carole feuillette un magazine de dĂ©coration, pour Ă©viter une Ă©ventuelle conversation. Nouveau du teck brut dans la cuisine ! Pampilles, velours et pourpres le grand retour du baroque. — On n’a pas trouvĂ© tout de suite, nous... Faut dire que c’est vachement grand, ici... Puis c’est pas bien marquĂ© oĂč qu’il faut aller. Vous avez trouvĂ© de suite, vous ? — Oui, concĂšde Carole, qui ajoute poliment mais on Ă©tait dĂ©jĂ  venus. Au pays des merveilles, bois des Ăźles pour siestes de luxe. — Ah ! C’est pour ça... LampĂ©e d’ice tea, puis coup de menton vers les enfants. — Y a que ça qui les intĂ©resse, hein, les gosses de maintenant... La console, la PlayStation... Carole acquiesce sans conviction. Very girly, choisissez une chambre aux formes douces et rondes... — Je leur ai payĂ© Ă  NoĂ«l... C’était cher, mais tous leurs copains l’avaient, alors... en pin massif, l’esprit brocante anglaise — ... Vous aussi vous allez Ă  Emerald Cape ? — Hum... oui... un petit meuble classique et Ă©lĂ©gant aux pieds galbĂ©s... — Nous aussi. Ça a l’air beau sur les photos ! Nondid’ju, toi ! La mer, la plage, le soleil... Mon gamin, lĂ , le p’tit, Bradley, il a jamais vu la mer, hein, Brady, que t’as jamais vu la mer ? Un grognement. — ... la belle mer bleue... puis y a une piscine, un bar... Elle fixe un instant son sac de voyage Ă©limĂ©. — C’t’une copine qui m’l’a prĂȘtĂ©. Mon, j’en ai pas de sac. Qu’est-ce que j’en foutrais ? On voyage jamais. On reste lĂ , mĂȘme l’étĂ©. J’habite dans une citĂ©, vous savez... — Ah... somptueusement dĂ©corĂ©e, en bois polychrome... Difficile de lire plus longtemps sans devenir vraiment impolie. Carole lĂšve la tĂȘte vers son interlocutrice et Ă©prouve aussitĂŽt une dĂ©lectation Ă©trange Ă  dĂ©tailler la permanente dĂ©modĂ©e, les racines noires dans les mĂšches platine pisseux, le jogging dĂ©formĂ© par les lavages, les baskets de plastique rose, le sourire qui s’ouvre sur les dents mal soignĂ©es, noircies par le tabac. MalgrĂ© elle, une bouffĂ©e de joie malsaine l’envahit une dose de pitiĂ©, deux grammes d’amusement, une petite pincĂ©e de mĂ©pris et par-dessus tout l’immense satisfaction de n’ĂȘtre pas comme ça. Si un seul instinct survit, dans nos sociĂ©tĂ©s rationnelles, c’est certainement celui de la classe sociale. Ce simple coup d’Ɠil a suffi Ă  Carole pour cataloguer cette femme, avec toutes les impossibilitĂ©s qui en dĂ©coulent. Il est par exemple Ă©vident qu’elles ne pourront jamais ĂȘtre amies. Carole pourrait peut-ĂȘtre lui refiler quelques vieux vĂȘtements, ou la recommander comme femme de mĂ©nage, mais ça n’ira jamais plus loin. D’ailleurs l’autre le sent, elle aussi, qui regarde avec respect le tailleur linĂ©aire de Carole, les lunettes Chanel dans les cheveux impeccables, le scintillement raffinĂ© des bijoux. Ravie tout de mĂȘme de cette attention inespĂ©rĂ©e, elle se penche en avant et confie d’un ton sentencieux — Ce n’est pas facile tous les jours. — Non, bien sĂ»r. Ce n’est pas une simple formule. Carole pense que non, vraiment, pour cette femme, la vie ne doit pas ĂȘtre facile tous les jours. Vivre dans une citĂ©, quelle horreur ! Elle, elle ne pourrait pas. Les appartements sordides et minuscules, les cris des voisins, les cages d’escaliers taguĂ©es, les odeurs d’urine et de cuisine grasse... — Et puis, une femme toute seule avec deux gamins, c’est pas drĂŽle, j’vais vous dire... — J’imagine... — Heureusement y en a qui m’aident ! Sinon je sais pas comment que j’f’rais. J’ai un Ă©ducateur qui m’aide, surtout pour Brady. Hein, Brady ? Hein qu’y a Nicolas qui te dit ce qu’il n’faut pas faire ? Carole a une pensĂ©e d’admiration pour ce Nicolas, comme elle en a en gĂ©nĂ©ral pour tous les gens qui consacrent leur vie Ă  aider leurs semblables. Éducateur dans une citĂ© ! Il faut avoir la vocation, tout de mĂȘme. Le jeune Bradley commence d’ailleurs Ă  s’agiter. Il a posĂ© son jeu et tourne mĂ©caniquement autour des fauteuils en poussant des petits cris. À chaque passage, il shoote dans le sac de sa mĂšre et envoie une bourrade Ă  son frĂšre qui proteste mollement sans cesser de jouer. — Calme-toi, Brady, nom did’ju ! glapit la mĂšre. Carole observe l’enfant. Est-il tout Ă  fait normal ? Son petit corps n’est que mouvements saccadĂ©s, qui semblent toujours rater leur but. Son regard fuyant, vide, met mal Ă  l’aise. Il tiraille Ă  prĂ©sent une plante verte, sous le froncement de sourcils agacĂ© du barman. La mĂšre soupire bruyamment. — C’est reparti ! Je sais plus quoi en faire, moi ! Y n’arrĂȘte jamais... — Quel Ăąge a-t-il ? — Sept ans. Carole sursaute elle lui en mettait quatre. Voyant la femme au bord des larmes, elle tente de dĂ©dramatiser — Ça a l’air d’ĂȘtre en effet un petit garçon plein de vie... Mais l’autre n’écoute plus, partie dans un monologue Ă©crasant, son histoire dĂ©colorĂ©e pour elle car cent fois rĂ©pĂ©tĂ©e, mais oĂč chaque mot pĂšse une tonne — Depuis qu’il Ă©tait nĂ©, il pleurait. Sans arrĂȘt, il criait, il pleurait, Brady, le jour, la nuit, tout le temps. On savait pas ce qu’il avait. Le mĂ©decin non plus savait pas. On pouvait pas dormir. Les voisins gueulaient. Alors mon mari, il le prenait, il le secouait pour qu’il s’arrĂȘte, mais il arrĂȘtait jamais. Alors mon mari, il le tapait, il le tapait. Pour qu’il arrĂȘte. Mais il arrĂȘtait jamais. Il pleurait, sans arrĂȘt. À six mois, on l’a opĂ©rĂ©. Il avait une infection, un truc Ă  l’intestin, et c’est pour ça qu’il pleurait tout le temps. AprĂšs, mon mari a continuĂ© Ă  le taper. Il Ă©tait violent, cet homme, il me tapait, moi aussi, et Kevin quand il voulait pas dormir. Alors je suis partie, on a dĂ©mĂ©nagĂ© Ă  Strasbourg. On a la paix maintenant. Bradley chiffonne de petits morceaux de feuilles qu’il arrache mĂ©thodiquement Ă  la plante. Il lance Ă  Carole un regard dĂ©nuĂ© de toute expression. — ArrĂȘte, Brady ! Touche pas Ă  ça ! Puis, plus bas — Je pense qu’y va aimer la mer. La mer de lĂ -bas, quoi, chaude et tout. C’est ça que je voulais leur payer avec l’argent. Vous savez combien j’ai eu ? Carole secoue la tĂȘte. — Cinq mille euros. AprĂšs quatre ans au tribunal et tout, pour avoir mon divorce et que mon mari paye. Cinq mille euros qu’il a dĂ» payer. Pour mon Brady qui s’ra jamais normal Ă  cause de tout ce qu’il lui a tapĂ© dessus quand il Ă©tait bĂ©bĂ©... Les revoici. Jean-Christophe en tĂȘte, brandissant sa montre. DerriĂšre lui, GisĂšle, l’Ɠil vague dans ses cheveux lourds. — Il lui faudrait une bonne coupe, songe Carole, oui, un petit carrĂ©, par exemple, quelque chose d’assez aĂ©rien... Je lui prendrai un rendez-vous au retour chez RenĂ© — Paul... ou chez Tiphaine, ce n’est pas donnĂ©, mais les coupes sont ravissantes...
BLAGUEPOEME Aux cabinets Malgré l'humour et la vertu Il faut ici montrer son cul Malgré la haine et la fierté Il faut ici se défroquer Facebook. E-post eller telefon: Passord: Forgot account? Registrer deg. SjÄ meir frÄ ZA GASY TIA MIVANITIKA pÄ Facebook. Logg pÄ . eller. Opprett ny konto. SjÄ meir frÄ ZA GASY TIA MIVANITIKA pÄ Facebook. Logg pÄ. Forgot
Twitter, MedPics, esanum... Par Bruno Martrette Les mĂ©decins n'Ă©chappent pas Ă  la mode des rĂ©seaux sociaux. Ils sont de plus en plus Ă  discuter de cas cliniques sur Twitter ou des plateformes dĂ©diĂ©es MedPics, esanum, MeltingDoc. MATHIEU PATTIER/SIPA PubliĂ© le Ă  06h50 L'an dernier Ă  la mĂȘme Ă©poque, l'Observatoire des usages numĂ©riques en santĂ© rĂ©vĂ©lait que les smartphones Ă©taient de plus en plus utilisĂ©s par les mĂ©decins français, y compris en consultation. Et en 2016, ces praticiens ultra-connectĂ©s ont dĂ©cidĂ© de ne pas rester dans l'ombre. Ils sont en effet de plus en plus actifs sur les rĂ©seaux sociaux communautaires, comme gĂ©nĂ©ralistes. Les plus suivis d'entre eux dĂ©livrent parfois des messages lus par des centaines, voire des milliers d'internautes. Une communication Ă  usage professionnel, mais pas toujours, d'autres mĂ©decins utilisent Internet simplement pour Ă©changer avec leurs confrĂšres ou des patients. Pour connaĂźtre les raisons de cette communication, Pourquoidocteur a enquĂȘtĂ© sur ces mĂ©decins "geeks", en plein dans l'e-santĂ©. Leur prĂ©sence est particuliĂšrement visible sur le fameux rĂ©seau social Twitter. Chaque annĂ©e, les mĂ©decins ou professionnels de santĂ© y sont de plus en plus nombreux pour demander des conseils mĂ©dicaux, ou raconter des anecdotes amusantes de consultations. Parmi eux, le Dr Jean-Jacques Fraslin. MĂ©decin gĂ©nĂ©raliste Ă  Bouguenais, prĂšs de Nantes, il compte aujourd'hui plus de 5 500 abonnĂ©s Ă  son compte Fraslin. Le partage de cas cliniques Au dĂ©part, j'Ă©tais juste intĂ©ressĂ© par l'actualitĂ©, notamment mĂ©dicale ou technologique. Twitter me permettait d'avoir des informations et d'en faire passer », explique-t-il. Puis trĂšs vite, la pratique de ces mĂ©decins change On a commencĂ© Ă  beaucoup utiliser le hashtag "doctoctoc". TrĂšs populaire dĂ©sormais, il permet d'avoir des avis de confrĂšres sur des cas cliniques, en mettant par exemple des photos d'examen ou un commentaire sur des symptĂŽmes dont se plaint un malade », poursuit-il. A partir de lĂ , la machine Twitter se met en route. Avec parfois des discussions trĂšs techniques entre praticiens. A ce titre, l'outil peut ĂȘtre trĂšs utile pour les internes en mĂ©decine ou les jeunes praticiens. Les mĂ©decins en exercice depuis longtemps, mais isolĂ©s, y trouveront aussi leur compte. Ecoutez... Dr Jean-Jacques Fraslin, gĂ©nĂ©raliste Ă  Bouguenais 44 Je suis abonnĂ© Ă  des comptes de mĂ©decins qui ont trouvĂ© des Ă©tudes intĂ©ressantes et les publient... » Surtout que ces demandes de conseils mĂ©dicaux commencent Ă  prouver leur efficacitĂ©. Sur ce sujet, chaque mĂ©decin bloggeur y va en effet de son anecdote. C'est le cas de l'un d'entre eux, et pas des moindres, le Dr Jacques Lucas 5 866 abonnĂ©s sur Twitter. Vice-prĂ©sident du Conseil National de l'Ordre des MĂ©decins CNOM, il raconte cette fois oĂč ses compĂ©tences de cardiologue lui ont permis d'Ă©pauler un confrĂšre dĂ©sƓuvrĂ© qui venait de lancer un appel Ă  l'aide sur Twitter. Je suis persuadĂ© que, parfois, ces outils peuvent avoir les mĂȘmes vertus qu'un cabinet de groupe ou une maison de santĂ© pluridisciplinaire », estime-t-il. Ecoutez... Dr Jacques Lucas, vice-prĂ©sident du CNOM En tant que cardiologue, j'ai dĂ©jĂ  apportĂ© une aide Ă  un confrĂšre sur Twitter. Il s'est avĂ©rĂ© que cela a Ă©tĂ© trĂšs efficace. » L'anonymat au-dessus de tout Egalement dĂ©lĂ©guĂ© gĂ©nĂ©ral aux systĂšmes d'information en santĂ©, Jacques Lucas avertit toutefois sur certains dangers des rĂ©seaux sociaux. MĂȘme dans le monde du web, le mĂ©decin doit respecter les dispositions relatives Ă  la dĂ©ontologie mĂ©dicale. D'une part, en Ă©tant respectueux des personnes et de leur dignitĂ©, d'autre part, en respectant strictement l'anonymat du patient. Comme lorsqu'il publie des photographies de lĂ©sion ». Un mĂ©decin qui disconviendrait Ă  ces deux point principaux se mettrait donc en infraction. Les sanctions qu'il encourt sont par contre inconnues puisqu'il n'y a toujours pas de jurisprudence ordinale sur les rĂ©seaux sociaux. PrĂ©cision importante de l'Ordre, lorsqu'un patient se reconnaĂźt malgrĂ© l'anonymat, le mĂ©decin se doit de retirer le message, ou la photo ». Une rĂšgle qui s'impose aussi Ă  ceux utilisant des pseudos que le Dr Lucas aimerait bien voir remplacer par de vrais noms. Ecoutez... Dr Jacques Lucas A partir du moment oĂč il s'agit d'un mĂ©decin, utiliser un pseudo ne l'autorise pas Ă  avoir, vis-Ă -vis des patients, un comportement qui ne serait pas assumĂ© dans la vie rĂ©elle... » Car sur les rĂ©seaux sociaux, les dĂ©rapages sont vite arrivĂ©s. Et les malentendus aussi. Les mĂ©decins qui utilisent Twitter, mais en y ajoutant l'humour, en sont visiblement conscients. La preuve avec ceux qui rapportent sur leur compte personnel des phrases prononcĂ©es par des patients lors de consultations, avec le hashtag ParoleDePatient ». Parmi les anecdotes les plus drĂŽles relevĂ©es par Pourquoidocteur, on note celle-ci Docteur, cela fait 5 jours que j'ai mal au bas du ventre. Je crois que c'est un gaz qui est coincĂ© ! » Un esprit salle de garde... mais avec des limites De quoi rire, c'est vrai, mais avec des limites », insiste le Dr Jacques Lucas. Le mĂ©decin doit trouver cette frontiĂšre humaniste et subtile qui est nĂ©cessaire s'il s'essaye Ă  l'humour. Quand il s'agit d'un patient, les propos d'un professionnel ne doivent jamais ĂȘtre perçus comme de l'ironie blessante ou de la dĂ©rision », prĂ©cise-t-il. Une ambiance salle de garde » que les mĂ©decins revendiquent, mĂȘme s'il faut faire attention », reprend le Dr Fraslin. D'autant plus quand vous ĂȘtes beaucoup suivi, y compris par vos propres patients », glisse-t-il. Il rappelle Ă  ce titre la polĂ©mique rĂ©cente survenue aux Etats-Unis, lorsque des chirurgiens ont postĂ© sur des rĂ©seaux sociaux des selfies les montrant en salle d'opĂ©ration devant le corps de patients. On essaye de faire attention et de ne pas ĂȘtre trop mĂ©chant, les tweets sur des paroles de patients, c'est plutĂŽt pour faire sourire », avance-t-il. L'auto-modĂ©ration, c'est notre crĂ©dibilitĂ© », insiste ce gĂ©nĂ©raliste. Face aux risques de dĂ©rapages, les mĂ©decins français semblent maintenant se diriger vers des plateformes dĂ©diĂ©es, comme esanum, MeltingDoc, ou encore MedPics. Cette derniĂšre, qui se revendique comme le 1er rĂ©seau de partage d’images et de crowdsourcing francophone, compte dĂ©jĂ  plus de 13 000 membres. Un Instagram pour mĂ©decins que ces derniers plĂ©biscitent, car il assure la confidentialitĂ© des Ă©changes. Le Dr Fraslin loue il est vrai le rĂŽle jouĂ© par les modĂ©rateurs qui valident les cas et vĂ©rifient qu'ils soient bien anonymisĂ©s. C'est un rĂ©seau social oĂč l'identitĂ© des mĂ©decins est vĂ©rifiĂ©e et oĂč il n'y a pas de patients. Le risque de rupture de la confidentialitĂ© est donc beaucoup moins important que sur Twitter », conclut le Dr Fraslin. Parole de mĂ©decin... La mode des rĂ©seaux sociaux n'Ă©chappe pas aux mĂ©decins. Ils sont de plus en plus Ă  discuter de cas cliniques sur Twitter ou MedPics. TĂ©moignages de praticiens connectĂ©s PostĂ© par Pourquoi docteur sur vendredi 26 fĂ©vrier 2016 HumourPOEME WC. PubliĂ© le 25/06/2008 Ă  12:00 par coloradodream. AUX CABINETS MalgrĂ© l'humour et la vertu Il faut ici montrer son cul MalgrĂ© la haine et la fiertĂ© Il faut ici se dĂ©froquer MalgrĂ© l'amour et la tendresse Il faut ici montrer ses fesses. Poussez ! Poussez ! les constipĂ©s Le temps ici n est pas comptĂ© Venez ! Venez ! foules empressĂ©es Soulager lĂ  votre diarrhĂ©e

Pour ce lieu de passage obligĂ© qui a inspirĂ© les plus grands
 Avant de quitter l’oublietteJetez vos yeux sur la cuvetteN’imitez pas ceux qui s’en vontLaissant leurs souvenirs au fond Prenez plutĂŽt la balayetteVersez de l’eau avec douceurFrottez ensuite avec ardeurEt partez quand la place est nette. Voltaire Toi qui soulages ta tripeTu peux dans cet antre obscurChanter ou fumer la pipeSans mettre tes doigts au mur StĂ©phane MallarmĂ© LE PETIT ENDROIT Vous qui venez iciDans une humble posture, De vos flans alourdisDĂ©poser un fardeau, Veuillez, quand vous aurez soulagĂ© la natureEt dĂ©posĂ© dans l’urne un modeste cadeau, Epancher de l’amphore un courant d’onde pureEt, sur l’autel fumant poser en chapiteau, Ce couvercle arrondi dont l’austĂšre jointureAux parfums indiscrets doit servir de tombeau PoĂšme d’Emmanuel Arago souvent attribuĂ© Ă  tort Ă  Alfred de Sand Ă  envoyĂ© ce poĂšme Ă  George Sand, sa mĂšre. Ici viennent tomber en ruinesLes chefs d’oeuvre de la cuisine. Brillat-Savarin Cambronne — on y songe avec peine —Ne se fut pas montrĂ© bien français En criant aux Anglais le mot qui porte veine,C’était fatalement assurer leur succĂšs. Tristan Bernard Chasseur sachant chasserIci sachez pousser. Louise de Vilmorin avait Ă©crit dans les vastes et belles toilettes du relais de chasse de Jean de Beaumont, et sur un livre d’or prĂ©vu Ă  cet effet dans ledit endroit. Dans ce lieu peu agrĂ©ableMais pourtant indispensable,Tenez vous comme Ă  tableFaites que la lunette Ressemble a votre assietteEt qu’il n’y reste aucune mietteCar c’est ici que tombent en ruinesAvec odeur et triste mine,Les restes de la cuisine AffichĂ©e dans les toilettes d’un restaurant de Lorraine AUX CABINETS MalgrĂ© l’humour et la vertuIl faut ici montrer son culMalgrĂ© la haine et la fiertĂ©Il faut ici se dĂ©froquerMalgrĂ© l’amour et la tendresseIl faut ici montrer ses fesses. Poussez ! Poussez ! Les constipĂ©sLe temps ici n’est pas comptĂ©Venez ! Venez ! foules empressĂ©esSoulager lĂ  votre diarrhĂ©eCar en ces lieux souvent chĂ©risMĂȘme le papier y est fourni. Soit qu’on y pĂšte, soit qu’on y roteTout est permis au sein des chiottesMais ? graine de vĂ©role ou de morpionN’oubliez pas d’vous laver l’fionDe ces WC tant visitĂ©sPrĂ©servez donc l’intĂ©gritĂ© Rendons gloire Ă  nos vespasiennesDe faĂŻence ou de porcelaine !Que l’on soit riche ou bien fauchĂ©Jamais de classe dans les WCPines de smicards ou de richardsVenez tous voir mon urinoir ! Qu’ils s’appellent chiottes, goguenots, watersTout l’monde y pose son derriĂšreOn les dit turcs ou bien tinettesTout est une question de cuvetteQuand celles-ci se trouvent bouchĂ©esNous voilĂ  tous bien emmerdĂ©s. Entrez, entrez aux cabinetsNous raconter vos p’tits secretsSavoir pĂ©ter c’est tout un artPour ne pas chier dans son falzar. Si cet Ă©crit vous semble idiotTorchez-vous-en vite au plus tĂŽtSi au contraire il peut vous plaireAffichez-le dans vos waters !!! Auteur inconnu !

ReconduitemalgrĂ© la controverse, la dĂ©putĂ©e des Ăźles de la Madeleine devra continuer de distribuer les prestations liĂ©es Ă  la COVID-19 Si l'on en croit sa prolifique actualitĂ©, Zappa n'est pas mort, il sent juste un peu bizarre. Rien que pour l'annĂ©e 2016, un demi-siĂšcle trĂšs exactement aprĂšs la sortie de Freak Out!, premier album des Mothers of Invention, les thurifĂ©raires du prophĂšte freak ont pu se mettre sous la dent un documentaire remarquĂ© au festival du film de Sundance et trois nouveaux albums inĂ©dits. Enfin, pour les francophones, les Ă©ditions Gallimard viennent de publier une nouvelle biographie du guitar hero dadaĂŻste, dans la collection Folio 1.Le tout dans une pĂ©riode fort agitĂ©e sur la planĂšte Zappa. Depuis le dĂ©cĂšs, en octobre 2015, de sa femme Gail – gardienne du temple procĂ©duriĂšre qui avait fait du compositeur une marque jusqu'Ă  la moustache dĂ©posĂ©e et de ses archives un fonds de commerce 60 albums posthumes ! –, les hĂ©ritiers du Zappa family trust se font la guerre par avocats interposĂ©s. Dweezil Zappa, l'aĂźnĂ© guitariste qui joue sur les scĂšnes internationales l'Ɠuvre paternelle Ă  la tĂȘte du groupe Zappa Plays Zappa depuis dix ans, s'est soudainement vu interdire par son frĂšre Ahmet, gestionnaire du trust, le droit de faire toute rĂ©fĂ©rence Ă  leur pĂšre – Ă  moins de s'acquitter de nouveaux droits d'exploitation prohibitifs. La tournĂ©e actuelle s'appelle donc Dweezil Zappa Plays Whatever The F%k He Wants, Cease & Desist Tour», soit Dweezil Zappa joue ce qu'il a envie de jouer putain, ordonnance de cessation et d'abstention».Autant de raisons de rencontrer le dernier biographe français de Frank Zappa, Guy Darol, romancier et zappaologue confirmĂ©, auteur de cinq livres sur le guitariste. A priori, on pourrait penser le sujet Ă©puisĂ©, notamment par la trilogie ultra-Ă©rudite bien que limite hermĂ©tique pour les non-spĂ©cialistes signĂ©e Christophe Delbrouck dans les annĂ©es 2000 Editions du Castor astral. Et pourtant, Ă  l'opposĂ© de cette approche quasi talmudique, Darol s'attache Ă  faire le rĂ©cit d'une vie» de façon synthĂ©tique et grand public, avec notamment, un focus sur l'enfance mĂ©connue de l'iconoclaste et ses combats politiques, qui n'ont jamais Ă©tĂ© autant d'actualité», selon Darol. Le contexte actuel de replis identitaires et de montĂ©e des populismes Ă©claire d'une lumiĂšre particuliĂšre la vie et l'Ɠuvre satirique de ce totem de la contre-culture amĂ©ricaine Ă  la fois pourfendeur du religieux, mais d'une grande mĂ©fiance, voire d'un certain conservatisme, vis-Ă -vis des utopies du XXe siĂšcle du flower power au communisme et du politiquement correct» livre dĂ©bute par une gĂ©nĂ©alogie poussĂ©e de la famille Zappa, de ses aĂŻeux siciliens Ă  l’arrivĂ©e de son pĂšre en AmĂ©rique, avant un rĂ©cit dĂ©taillĂ© et rare de ses jeunes annĂ©es
Guy Darol On y comprend de nombreux aspects de sa personnalitĂ© adulte. D'abord, cette passion juvĂ©nile et symbolique pour la chimie il passait son temps Ă  chercher la formule de la poudre Ă  fusil pour prĂ©parer ses pĂ©tards artisanaux
 Ensuite, Zappa, c'est un enfant de l'immigration. Son pĂšre a quittĂ© la Sicile au dĂ©but du XXe pour s'installer Ă  Baltimore [au nord de Washington, ndlr] oĂč il a eu de grandes difficultĂ©s Ă  s'insĂ©rer dans la sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine. A l'Ă©poque, les Siciliens Ă©taient vus comme des bons Ă  rien, sales et rĂ©pugnants, avec une propension Ă  soulever des Ă©meutes. Le pĂšre de Zappa lui a tout racontĂ©, ça l'a autant meurtri que marquĂ©. D'oĂč son antiracisme, lui qui fut l'un des premiers rockeurs Ă  s'entourer de musiciens de toutes origines Noirs, Latinos, etc. Quitte Ă  se voir interdire de jouer dans certains clubs. C'est aussi ça qui fait que Zappa est l'homme de tous les mĂ©langes, mais aussi un fan de doo-wop et de r'n'b, musique d'Ă©mancipation noire dans laquelle il a toujours qui n’empĂȘchait pas Zappa d’ĂȘtre trĂšs patriote
Absolument, il se sentait farouchement AmĂ©ricain, trĂšs attachĂ© Ă  la Constitution [et surtout au Ier amendement libertĂ© de religion, d'expression, de la presse, de rĂ©union] mais aussi lucide sur le fait que son pays, malgrĂ© sa grandeur apparente et sa puissance, Ă©tait culturellement petit», trĂšs jeune encore Ă  ce niveau-là
Et pourtant il aurait dit Il n’y a pas d’enfer, juste la France.»Rires Oui, mais il faisait surtout rĂ©fĂ©rence Ă  ses conditions de tournĂ©e ici, au fait que l'acoustique des salles Ă©tait souvent mauvaise, Ă  la vĂ©tustĂ© des hĂŽtels avec encore des toilettes Ă  la turque, ce genre de choses. Il avait un rapport trĂšs contradictoire avec l'Europe s'il se sentait totalement amĂ©ricain, c'est en Europe qu'il avait son meilleur public, le plus fidĂšle, et lĂ  qu'il a eu la plus grande reconnaissance. Et ses meilleures annĂ©e, le documentaire Eat That Question, compilation d’interviews de Zappa, a tentĂ© de tracer les contours de sa pensĂ©e et son influence. Le mois dernier, Bryce Dessner, du groupe indĂ© The National, a jouĂ© The Perfect Stranger avec l’ensemble intercontemporain Ă  la Philharmonie de Paris
 Y aurait-il un regain d’intĂ©rĂȘt pour Zappa?Je l'espĂšre et j'ai cette impression aussi. Je milite pour que cette voix et cette posture musicale et politique soit entendue. Dans le monde du jazz en particulier, son nom circule de plus en plus, on le voit comme un compositeur sĂ©rieux, un pionnier du dĂ©cloisonnement des styles et de l'effacement des genres. Quant Ă  son regard acerbe et acĂ©rĂ© sur l'AmĂ©rique aux prises avec le fondamentalisme sous toutes ses formes et les dĂ©rives de la sociĂ©tĂ© de consommation, eh bien, on en voit la justesse aujourd'hui. Quand on pense qu'un crĂ©ationniste [le RĂ©publicain Ben Carson] est pressenti pour entrer dans le cabinet de Trump ! Ce sont des choses qu'il dĂ©nonçait en temps rĂ©el, au moment oĂč elles Ă©mergeaient. C'est comme s'il Ă©tait toujours en campagne Ă©lectorale – d'ailleurs, il y a eu cette idĂ©e qu'il allait se prĂ©senter en 1992
C’était sĂ©rieux ?Le sĂ©rieux avec Zappa, ça a toujours Ă©tĂ© la grande question. Does humour belong in music ?» Est-ce que l'humour peut s'intĂ©grer Ă  la musique ?», demandait-il. Je pense qu'il avait le mĂȘme questionnement avec la politique. En tout cas, dans la derniĂšre tournĂ©e de 1988, c'est vĂ©ritablement une campagne qu'il mĂšne sur scĂšne, contre ce qu'il appelle les bouffons du capitole» et les prĂ©dicateurs chrĂ©tiens, tout en incitant les jeunes Ă  aller voter. Il disait Si Nixon et Reagan ont pu faire de telles conneries, je ne peux pas faire pire.» Il avait quand mĂȘme envisagĂ© de faire une Ă©tude de faisabilitĂ©, et avait un rĂ©seau prĂȘt Ă  le soutenir. Puis la maladie l'a rattrapĂ© et il n'Ă©tait pas en Ă©tat de faire quoi que ce soit en 1992 [Zappa est dĂ©cĂ©dĂ© d'un cancer en 1993]. Il se voyait comme un dĂ©nonciateur d'impostures, quels que soient les partis – farouchement anti-reaganien, il s'Ă©tait aussi attaquĂ© au leader dĂ©mocrate noir Jesse Jackson Ă  cause de ses sympathies pour Fidel Castro. C'Ă©tait son cĂŽtĂ© anticommuniste, un des rares sujets sur lequel il s'entendait avec son pĂšre. Il a d'ailleurs refusĂ© une tournĂ©e de six mois en URSS et a Ă©tĂ© accueilli en hĂ©ros Ă  Prague par VĂĄclav Havel !Ce qui laisse pantois en l’écoutant aujourd’hui, c’est Ă  quel point certains de ses textes sont osĂ©s, voire offensants
Il Ă©tait complĂštement sans filtre, c'Ă©tait une autre Ă©poque. On peut d'ailleurs se demander s'il pourrait s'en tirer sur scĂšne avec ça aujourd'hui. Cela dit, il a Ă©tĂ© censurĂ© trĂšs tĂŽt en 1971, le Royal Albert Hall [de Londres] annule Ă  la derniĂšre minute son concert aprĂšs que son administratrice ait lu les livrets de ses disques. Par la suite, il a eu des problĂšmes avec quelques fĂ©ministes, a Ă©tĂ© taxĂ© d'homophobie Ă  cause de Bobby Brown et la chanson Jewish Princess a Ă©tĂ© attaquĂ©e par certaines ligues antiracistes. DerriĂšre les blagues salaces, il cherchait surtout Ă  se moquer de tout systĂšme de pensĂ©e. D'oĂč son combat contre l'instauration du fameux autocollant Parental Advisory Explicit Lyrics» [Vigilance parentale paroles explicites»] et sa virulente dĂ©fense de ce que les ligues de vertu appelaient le porn rock» dans les annĂ©es a-t-on l’impression que Zappa n’est pas vraiment entrĂ© dans le panthĂ©on de la pop culture des seventies ?Il s'est toujours dĂ©robĂ© au systĂšme des marchandises standardisĂ©es. We're Only in It For the Money 1968 [On fait ça seulement pour l'argent»], pastiche du Sgt Pepper's des Beatles, est une mosaĂŻque de tubes en puissance. Mais systĂ©matiquement, il casse ses jouets. Pas pour les rendre inaudibles, mais pour en tuer le potentiel commercial, dans une volontĂ© de dĂ©jouer le systĂšme
D’un autre cĂŽtĂ©, il se comportait comme un vrai chef d’entreprise avec ses musiciens
On a essayĂ© de le rattacher Ă  toutes les doctrines, du marxisme au situationnisme. Dans son autobiographie, il se dĂ©finit en tant que conservateur pragmatique». En plein Summer of Love [Ă  San Francisco, l'Ă©tĂ© 1967], il a une posture radicale sur la drogue ses musiciens peuvent se dĂ©foncer autant qu'ils le veulent chez eux, mais dĂšs qu'ils rĂ©pĂštent ou enregistrent pour lui, ils ne doivent toucher Ă  rien. Un homme complexe plus que de contradictions. D'un cĂŽtĂ© une dĂ©marche libertaire presque anarchiste, de l'autre une façon de travailler trĂšs sĂ©rieuse, comme un entrepreneur. Sauf qu'il n'a jamais tirĂ© de grands profits de sa musique, il s'autofinançait et a toujours perdu de l' expliquez-vous la guerre fratricide Ă  laquelle se livrent ses hĂ©ritiers ?Dweezil a renoncĂ© Ă  une carriĂšre prometteuse de guitariste pour se dĂ©vouer entiĂšrement Ă  la figure paternelle – et il l'a fait avec un groupe de qualitĂ©, appliquĂ©. Le seul problĂšme, c'est qu'il a le charisme d'une endive et n'a pas la drĂŽlerie de son pĂšre. Quant au reste de la famille, que ce soit Ahmet ou Moon Unit [qui chantĂ© sur Valley Girl, le seul single de Zappa classĂ© au Top 40], pour le coup, ils sont vraiment dans la maxime We're only in it for the money», soit l'exploitation d'un capital. On pensait qu'avec la mort de Gail Zappa, les choses allaient se dĂ©tendre, que les nombreux tribute bands et festivals harcelĂ©s par les assignations en justice allaient pouvoir souffler – il Ă©tait quasiment devenu impossible de jouer la musique de Zappa ! Ça semble mal confrĂšre pourtant fĂ©ru de psychĂ©dĂ©lisme seventies nous a confiĂ© la raison de son aversion pour Zappa le sarcasme constant. A-t-il un jour Ă©tĂ© premier degrĂ© dans sa musique ?Oui je pense, avec Pierre Boulez notamment, quand celui-ci joue son Ɠuvre Ă  Paris en 1984. Zappa avait dĂ©couvert le Marteau sans maĂźtre adolescent c'est l'aboutissement d'une vie, la consĂ©cration. La reprĂ©sentation, hĂ©las, ne lui plaira pas – il est déçu par les musiciens de l'orchestre qui jouent plus la montre que sa musique. Mais l'expĂ©rience l'encourage Ă  se lancer dans la composition de The Yellow Shark, dernier artefact de sa discographie sortie de son vivant, avec Peter Rundel, un chef d'orchestre qui lui apporte enfin, bien que trĂšs tardivement, satisfaction. DĂšs son enfance, il veut ĂȘtre compositeur, comme VarĂšse, et Ă  la fin de sa vie, il y arrive. Il y avait chez lui cette obsession de boucler la boucle.1 Frank Zappa, Guy Darol, Folio Biographies, 352 pages, 9,20 €.
Lereste du rĂ©sultat repose sur la force de la campagne nationale, et sur les Ă©paules du chef. Il est donc appropriĂ© de comparer leurs forces et leurs faiblesses sur la ligne de dĂ©part — j’aborderai les enjeux Ă  la fin du texte. En commençant par le chef sur qui repose toute la pression d’ĂȘtre le favori de la course, le premier

DĂ©couvrez les palmiers rustiques Vous serez sans doute Ă©tonnĂ© de constater que bon nombre de palmiers rĂ©sistent aux tempĂ©ratures nĂ©gatives. Leur silhouette Ă©lancĂ©e, le graphisme des feuilles sont des critĂšres esthĂ©tiques apprĂ©ciĂ©s dans les jardins modernes, sans parler de la note exotique qu’ils apportent. Faites votre choix ! Buddleia l’arbre aux papillons Le buddleia est un arbuste Ă  fleurs, ornemental mais pouvant ĂȘtre trĂšs envahissant chez certaines variĂ©tĂ©s. La plantation, l’entretien et la taille sont des gestes qui amĂ©lioreront la floraison. Vitex plantation et entretien de l’agneau chaste Le Vitex agnus-castus, Ă©galement connu sous le nom de gattilier ou encore d’agneau chaste, est un arbuste original grĂące Ă  ses feuilles aromatiques, lĂ©gĂšrement poivrĂ©es. Le Vitex en rĂ©sumĂ© Nom latin Vitex agnus-castus Noms communs Gattilier, Agneau chaste, Gattilier commun, Arbre au poivre Famille VerbĂ©nacĂ©es Type Arbuste Port Arrondi Hauteur 3 m Largeur 3 m [
] Musa basjoo le bananier japonais Contrairement Ă  ce que l’on pourrait penser, le bananier japonais ou Musa basjoo ne produit pas de bananes. MalgrĂ© tout, il s’agit d’un bananier Ă  la silhouette intĂ©ressante, gage d’originalitĂ© dans la crĂ©ation d’un jardin. Cistes, fleurs de papier La famille des CistacĂ©es regroupe une sĂ©rie d’arbustes et d’arbrisseaux au feuillage persistant typiquement mĂ©diterranĂ©ens. ChĂȘne le roi des forĂȘts Le chĂȘne est l’un des arbres les plus courants et les plus majestueux lorsqu’il atteint de grandes tailles. L’arbre Ă  papillons le paradis des insectes pollinisateurs L’arbre Ă  papillons en rĂ©sumĂ© Noms latins Buddleja, Buddleia Noms communs Arbre Ă  papillons, arbre aux papillons, lilas d’étĂ© Famille ScrophulariacĂ©es Type Arbuste Port Arrondi Hauteur 3 Ă  5 m en selon l’espĂšce Largeur 2 Ă  3 m Exposition EnsoleillĂ©e Ă  mi‑ombre Sol Tout type RusticitĂ© Excellente Croissance Rapide – Feuillage Caduc – Floraison PrintaniĂšre Ă  estivale L’arbre [
] Rhapis excelsa le palmier bambou Que vous l’installiez dans votre maison, votre jardin ou dans une vĂ©randa, le Rhapis excelsa ou palmier bambou trouvera forcĂ©ment sa place chez vous. CĂ©anothes, variations en bleu Le bleu au jardin n’est pas frĂ©quent. C’est l’un des mĂ©rites du cĂ©anothe que d’en proposer une belle palette, du bleu pĂąle Ă  l’indigo.

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